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Le Lundi 27 avril 2015 à 18:37

René Revol me réclame un an de salaire en justice


L’ami de longue date de Jean-Luc Mélenchon, l’un des 66 membres du bureau national du Parti de gauche, maire de Grabels et vice-président du divers droite Philippe Saurel, s’en prend à un journaliste précaire. Il me cite à comparaître devant le tribunal pour de prétendues insinuations et demande aux juges de me condamner à débourser plus de 7 000 € alors qu’en contrat aidé, je ne gagne que 650 € par mois. Le slogan du défenseur de la veuve et l’orphelin, Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2012 ? « L’humain d’abord. » Me voilà rassuré. (880 mots)

Par Jacques-Olivier Teyssier

René Revol le 29 janvier 2010 lors d'un meeting avec Jean-Luc Mélenchon (photo : Xavier Malafosse)
L'ensemble des papiers liés à la citation de René Revol devant le TGI de Montpellier

10 janvier 2015. Trois jours après la tuerie à Charlie hebdo. Dans sa commune de Grabels, René Revol prononce un discours en « hommage » aux victimes. Un halo se dessine au dessus de sa tête. La voix douce, empreinte d’émotion, il déclare : « Ce qui était attaqué c’était d’abord la liberté de la presse. La liberté d’expression, d’information est un des piliers de notre pacte républicain. Dès le XVIIIe siècle, le combat pour la publicité des débats, comme disait les révolutionnaires, pour que les citoyens aient accès à toute l’information, est quelque chose de fondamental. Lorsque commence à être atteint ce droit, c’est le cadre même de notre vivre ensemble qui commence à être remis en cause. » On en pleurerait.
Regarder la vidéo (vers 1’30) :

Un huissier au petit matin
Environ trois mois plus tard, l’élu envoie un huissier au petit matin à mon domicile pour me remettre une « citation directe devant le tribunal correctionnel ». À 47 ans, c’est la première fois que j’ai affaire à un huissier. Ça fait bizarre. Ça fait d’autant plus bizarre quand il est envoyé par un cadre du Parti de gauche dont le candidat à la dernière présidentielle prônait « L’humain d’abord ». Ça fait encore plus bizarre quand ladite citation devant le tribunal fait la bagatelle de… 400 pages !

La "citation directe" de René Revol vue sur la tranche

Et pourquoi ? Pour contester des informations que j’aurais écrites ? Pas du tout. Aucun fait publié n’est contesté par René Revol. Mais alors pourquoi ? Parce que j’aurais prétendument insinué des choses dans un article du 5 février. Évidemment, je vais contester ceci devant le tribunal mais supposons que René Revol dise vrai. N’a-t-il pas déjà eu largement la possibilité de faire valoir son point de vue ?

Une « campagne » imaginaire
D’abord dans l’article visé où sa position est largement donnée alors qu’il m’avait raccroché au nez lorsque je tentais de la recueillir. Ensuite dans un très long droit de réponse publié alors qu’il ne correspondait pas aux formes requises par la loi. Droit de réponse qu’il a également publié sur son blog et diffusé par mail à de nombreux habitants de sa commune. Et dans lequel il inventait « une campagne orchestrée et organisée » par moi sans avancer le début d’un élément sérieux pour étayer sa thèse complotiste.

Soulignons au passage que pour quelqu’un qui serait scandalisé par la publication d’un article, René Revol a mis beaucoup de temps à réagir. En effet, il a envoyé son droit de réponse près de 5 semaines après la publication de l’article. Pour ma part, la dernière fois que j’ai envoyé un droit de réponse, il est parti le lendemain de la parution de l’article en question.

La diffamation c’est pas un dépassement de limite de vitesse
Mais la loi lui permet également de se défendre devant un tribunal, diront certains. Bien sûr. Sauf que la diffamation en droit ce n’est pas comme le dépassement d’une limite de vitesse. S’il est facile de juger si une personne a ou non dépassé 90 km/h, il est beaucoup plus subjectif d’évaluer une éventuelle diffamation. Le risque de condamnation n’est donc pas nul même si je revendique un travail sérieux, approfondi et équilibré.

Si on ajoute à cela que René Revol demande au tribunal de me condamner à verser plus de 7 000 € (insertions presse comprises), on se demande s’il ne cherche pas à faire définitivement taire Montpellier journal. D’autant que ce n’est pas difficile pour l’élu puisqu’il le fait avec un huissier, un très gros cabinet d’avocat (CGCB, Maxime Rosier) qui met à sa disposition plusieurs avocats dont les honoraires sont pris en charge par la commune de Grabels. Et visiblement, la petite équipe a passé des heures à décortiquer l’article en question. En face, Montpellier journal a environ 300 abonnés et mon salaire mensuel net se monte à 650 €. Bref, le combat judiciaire est d’emblée extrêmement déséquilibré. Sans compter que les puissants peuvent déjà remercier René Revol : en effet, le temps et l’énergie que j’ai utilisés et que je vais utiliser à me défendre ne seront pas consacrés à enquêter sur les pratiques des hommes politiques, acteurs économiques puissants, etc. Pour plus de développement sur ces points, lire : Pourquoi les attaques de René Revol sont une atteinte à la liberté d’expression.

Encore des articles sur les pratiques de René Revol
Évidemment, pour reprendre une expression chère au Parti de gauche : « On ne lâche rien ! » Je vais donc me battre avec mes modestes moyens mais avec la ferme intention de l’emporter. Et surtout Montpellier journal continuera à publier des articles sur les pratiques de René Revol. Pratiques qui sont d’ailleurs contestées au sein même du Front de gauche (lire par exemple ici) mais aussi par des anciens militants du Parti de gauche (lire par exemple ici et ici) ou encore par le NPA (lire ici). Bref, après être visé par une plainte pour « corruption passive » (1), René Revol est pour le moins sous pression.

Mais pour pouvoir résister, Montpellier journal a besoin d’un maximum d’abonnés, condition nécessaire à la pérennité de cet espace de liberté et d’indépendance. Pour nous soutenir, vous pouvez vous abonner, offrir un abonnement ou faire un don. Vous pouvez aussi laisser un commentaire ci-dessous ou nous envoyer un message. Parce que quand on sera mort, ça sera trop tard.

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► Cet article est écrit à la première personne car c’est moi et moi seul qui suis attaqué en tant que rédacteur et directeur de la publication de Montpellier journal. Et je n’ai pas, contrairement à d’autres journalistes de médias plus gros, une entreprise qui fait des millions voire des dizaines de millions de chiffre d’affaires derrière moi.

___________
(1) Rappelons que selon le code de procédure pénale, toute personne suspectée ou poursuivie est présumée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été établie.

Lire aussi :


Publié dans Accès libre, Médias, Politique. Mots clés : , , , .

12 commentaire(s)

Suivre les commentaires de cet article

  1. pepito said
    on 28 avril 2015

    à 0 h 09 min

    Attitude minable
    il n’y a pas d autres mots.
    Et c’est comme ça qu’il compte laver son honneur?
    Quel paradoxe ! Rien que cet acte gratuit pour lui le déshonore définitivement. Il ne devrait pas capitaliser beaucoup avec ce genre d’action.
    A mon sens, il vous a beaucoup diffamé dans cette affaire, j’espère que votre avocat saura contre-attaquer et qu’il se trouvera pris à son propre piège. Réclamez lui donc un an de son revenu également, et qui sait vous pourrez peut être aussi partir sous le soleil des Seychelles…

  2. yanhel said
    on 28 avril 2015

    à 11 h 54 min

    J’exprime avec force tout mon dégoût pour les manières de cet élu. S’Il avait été socialiste ou UMP, je n’aurais pas été déçue de ces procédés…. Mais là! on est tellement dans le double discours que je me sens comme personnellement trahie. Et oui! le citoyen, le militant que R Revol méprise tant, peut quand même se révolter. Je vais envoyer cet article partout où je pourrai. Je conseille à tout le monde d’arroser ses contacts. Car résister pour MJ, c’est défendre aussi notre liberté face à ceux qui par le pouvoir et la manière de l’exercer, empoisonnent notre république en dévoyant les principes de Liberté, égalité et fraternité.

  3. Jacques-Olivier Teyssier said
    on 28 avril 2015

    à 14 h 33 min

    Très bonne initiative, yanhel ! L’information, y’a que ça de vrai. ;-)

  4. pheymes said
    on 28 avril 2015

    à 14 h 36 min

    Dominique Rousseau, le constitutionnaliste et professeur de droit réputé, s’était il fourvoyé en 2010, dans son éloge de René Revol, ou bien est-ce nous qui sommes aveugles et sourds devant tant de qualités d’honnêteté, de droiture, d’intégrité, etc, etc, (si, si…) présentés dans la vidéo ci-dessous ?

    http://www.dailymotion.com/video/xcj238_dominique-rousseau-soutient-rene-re_news

  5. pepito said
    on 29 avril 2015

    à 10 h 24 min

    Si cela ne met pas votre défense en péril, que diable il y a-t-il dans ce constat d’huissier (je suppose que la plus grosse partie des 400 pages est ce constat d’huissier).

  6. Jacques-Olivier Teyssier said
    on 29 avril 2015

    à 10 h 48 min

    Il fait à peu près la moitié. Il constate la publication de l’article, de certains commentaires, copie les sources des pages, etc.

  7. yanhel said
    on 29 avril 2015

    à 11 h 55 min

    Je crois que s’il fallait constater par huissier le double- langage des politiques et il y aurait plutôt huit tomes d’huissier à faire. Par exemple concernant René Revol:
    1-il s’oppose à tout accord tactique avant l’élection municipale. Ce qui met le FdG dans l’opposition puis vient lui (himself) en tant que maire de Grabels faire partie de la majorité Saurelienne divers droite, avec une vice-présidence qui en plus est un de nos combats phares d’où le danger d’être instrumentalisé par Saurel. (Méthode très frêchique d’ailleurs.. )ça s’appelle refiler le bébé et avoir à dire merci ou être acheté.
    2- Prendre la Vice-Présidence de l’eau pour la passer en régie publique et servir les intérêts de Veolia pour lui donner 3 DSP sur l’assainissement.
    3-Il parle de « démocratie participative » de 6e République et conduit réunions, parti, et militants en despote éclairé.
    4- Cette plainte!… qui va contre la liberté d’expression de tout organe de Presse dans un pays libre. Ce n’est pas de la diffamation, c’est une enquête, avec des faits avérés qui offre de plus, des droits de réponse et des vues contradictoires par le biais des commentaires.. Et oui! nous sommes à l’ère du journalisme 2.0 et aujourd’hui les citoyens ont la parole et ça fait tout drôle à notre élu.
    5-Et surtout, là je lui en veut, il montre qu’il se veut faible avec les forts (Saurel) et fort avec les faibles(MJ). Et ça Monsieur Revol, ce n’est pas de Gauche.

  8. pepito said
    on 29 avril 2015

    à 13 h 29 min

    ce qui est regrettable c’est que l’affaire Schwertz/Revol devient l affaire Montpellier journal pour un an. S’il perd il n’en fera pas grande publicité, s’il gagne il en fera un large écho en mélangeant le fond et la forme, le tout pour pas un rond Perso : tout benef. Saurel qui ne supporte pas d’être qualifié de divers droite va l’embrasser sur les deux joues.
    Seul petit problème pour lui … Le proc peut très bien se mettre enfin a l’ouvrage…

  9. Jacques-Olivier Teyssier said
    on 29 avril 2015

    à 14 h 51 min

    yanhel : en fait c’est deux lots d’assainissement qui ont été attribués à Veolia : http://www.montpellier-journal.fr/2014/11/saurel-et-revol-font-ils-perdre-105-me-aux-usagers-de-lagglo-de-montpellier.html

  10. Jacques-Olivier Teyssier said
    on 29 avril 2015

    à 14 h 52 min

    pepito : ça peut être deux ans voire plus. En effet, s’il perd, il peut très bien décider de faire appel puis éventuellement d’aller en cassation.

  11. JED said
    on 30 avril 2015

    à 22 h 00 min

    Je suis un peu surpris de l’acharnement de René Revol a poursuivre Montpellier Journal après la médiation du Club de la Presse. Je croyais que le maire de Grabels s’inclinerait devant les pressions de la « gauche de la gauche » et de militants de son propre parti. Il semble s’agir d’une espèce d’acharnement qui risque de lui faire perdre les restes de sa réputation d’homme de gauche. Il faut dire que l’homme est habile puisqu’il a réussi, en faisant jouer la solidarité des élus contre les trublions, à embarquer son opposition municipale pour qu’elle vote le soutien financier de la commune à la plainte du maire.

  12. Jacques-Olivier Teyssier said
    on 30 avril 2015

    à 23 h 06 min

    N’auriez-vous pas oublié les guillemets à « opposition » ? ;-)