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Le Jeudi 16 octobre 2014 à 15:11

Philippe Saurel déteste qu’on le qualifie de « divers droite » (audio)


Furieux à la lecture de la classification choisie par Montpellier journal, il l’a fait savoir ce matin en conférence de presse et a parlé de « mensonge ». Le maire de Montpellier voudrait-il contrôler ce qu’écrivent les journalistes ? Rappelons que ce choix éditorial de Montpellier journal est basé sur un très long article (2 500 mots, 15 000 signes) d’analyse des premiers mois de mandat de Philippe Saurel. Et sauf à ce que les déclarations et les actes de l’élu changent, Montpellier journal n’a pas l’intention de modifier ce choix. (900 mots)

Par Jacques-Olivier Teyssier

Philippe Saurel pas content le 16 octobre 2014 (photo : J.-O. T.)

A-t-il gentiment décroché son téléphone comme il avait l’habitude de le faire, avant son élection, quand il était esseulé et à l’affut de la moindre ligne écrite dans la presse sur lui ? Non. Son équipe a-t-elle répondu à la sollicitation de Montpellier journal afin qu’elle puisse faire valoir le point de vue du maire dans un article sur son positionnement politique ? Non. Philippe Saurel, après avoir lu que Montpellier journal l’avait qualifié de « divers droite », a préféré le faire en conférence de presse (sur le projet d’urbanisme commercial Ode 1) en fin de matinée.

Une journaliste pose une question sur une éventuelle évolution du projet Ode suite aux réunions présentées comme « des réunions de concertation » avec la population. Philippe Saurel – La trouvant gênante ? Oubliant d’y répondre ? – ne répond pas. Montpellier journal, la trouvant pertinente, relance le président de l’Agglo :
Montpellier journal : Vous n’avez pas répondu à la question. La question était : « Le projet va-t-il évoluer… »
Philippe Saurel : … Monsieur Teyssier, vous avez dit ce matin [hier en fait] dans Montpellier journal que j’étais « divers droite ».
Mj : Oui.
PS : Ben non, je suis divers gauche.
Mj : Ce n’était pas la question. Si vous voulez en discuter, on peut en discuter mais…
PS : Eh non !
Mj : … la question de la dame était…
PS : Que vous posiez la question si je suis de gauche ou de droite, ok. Mais que vous affirmiez que je suis « divers droite », ça, c’est un mensonge. Je suis divers gauche.
Mj : Non. Quand on le démontre, ce n’est pas un mensonge, c’est un…
PS : …non mais mon étiquette, Monsieur Teyssier, c’est divers gauche, pas divers droite….
Mj : … si vous voulez…
PS : … avec toute l’amitié que j’ai pour les « divers droite » [On ne lui fait pas dire]…
Mj : … ça c’est une étiquette classification préfecture.
PS : C’est vous qui le dites [absolument].
Mj : Oui mais un journal classifie les politiques comme il le souhaite.
PS : Non [sic !]. Pas comme ça. C’est limite désinformation.
Mj : Écoutez, allez-y [au tribunal] si vous voulez… [Cela promettrait d'intéressants débats...]
PS : Nooonnn… Je vous aime beaucoup, M. Teyssier.
Mj : Vous n’avez pas répondu à la question, donc.
Après une troisième relance, Philippe Saurel finira par répondre à la question de la journaliste.
Écouter l’intégralité de l’échange (2’50) :

Au delà d’une nouvelle démonstration de frêchisation de Philippe Saurel (1), cet échange permet d’aborder la question de la classification des hommes et femmes politiques. Il existe une table dressée par le ministère de l’Intérieur qui a classé la liste de Philippe Saurel, lors des dernières municipales, « divers gauche ». Comment ? Il suffit de se référer à une réponse du ministère de novembre 2011 à une question d’un sénateur : « La plupart du temps, la nuance attribuée au candidat n’est rien de plus que l’étiquette expressément choisie par celui-ci. » Donc il n’est pas étonnant que la liste Saurel ait été classée « divers gauche » par le ministère puisque Philippe Saurel revendiquait et revendique toujours son appartenance à la gauche.

Et nous continuerons
Reste qu’un média est encore, dans ce pays, libre d’utiliser les termes qu’il considère les plus appropriés pour qualifier telle ou telle situation. Concernant le positionnement politique de Philippe Saurel, Montpellier journal a consacré un très long article (près de trois fois la taille de celui-ci) pour expliquer pourquoi on peut considérer que Philippe Saurel est un maire de droite. Mais la porte a été laissée ouverte par le recours à la formule interrogative. En effet, qui peut dire aujourd’hui si la politique qui sera menée pendant le mandat par l’équipe Saurel sera plutôt de gauche ou plutôt de droite ? Mais pour l’instant, la politique de l’équipe Saurel étant considérée par Montpellier journal comme une politique de droite, le choix a été fait d’accoler la mention « divers droite » à Philippe Saurel. Et nous continuerons. Sauf à ce que le ministère de l’Intérieur fasse la démonstration qu’il est propriétaire de ce terme. Tout comme nous utilisons les initiales « PS » pour définir ci-dessus Philippe Saurel sauf à ce que le Parti socialiste nous fasse condamner pour cela.

Montpellier journal pourrait aussi classer Philippe Saurel comme « divers » mais le résultat serait sans doute le même. En effet, Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, déclarait au Sénat le 17 juin 2014 : « Le philosophe Alain observait avec raison que lorsque quelqu’un dit n’être ni de droite ni de gauche, il y a tout de même de fortes chances pour qu’il soit de droite… Dans le même esprit, selon François Mitterrand, quand on est sans étiquette, on est souvent ‘ni de gauche, ni de gauche’ ! »

« Socialiste tendance Jean Jaurès »
Mais si Philippe Saurel veut continuer à se proclamer « divers gauche » et même « socialiste tendance Jean Jaurès »), ce n’est bien sûr pas Montpellier journal qui va l’en empêcher. Nous adoptons d’ailleurs en la matière, la position du Ministère qui écrivait en mars 2010 : « Le classement par nuance par le ministère n’empêche évidement pas chaque candidat de faire librement le choix de l’étiquette politique sous laquelle il se présente devant les électeurs. »

Mais au fait, pourquoi Philippe Saurel tient-il autant à ce qu’on le qualifie de « gauche » ? Sans doute pour récupérer les voix des électeurs de gauche qui s’en tiennent aux déclarations de principe sans regarder la réalité. La politique de droite visant probablement, quant à elle, à récupérer les voix des électeurs de droite qui se positionnent en fonction des décisions. Mais le débat reste ouvert et si Philippe Saurel veut nous donner une interview, notre micro est ouvert.

Dernier enseignement pour ceux qui en auraient encore douté : Philippe Saurel lit attentivement Montpellier journal. Problème : il semble confondre organes de communication des collectivités qu’il dirige et média indépendant.

[Mise à jour le 4 novembre : dans la revue Pôle Sud n°41 à paraître en décembre, Emmanuel Négrier, politologue, directeur de recherche au CNRS, écrit : "Nous considérons les étiquettes accordées par le ministère de l’Intérieur. Ainsi Montpellier, conquise par une équipe où des personnalités de droite et de gauche sont associées, est néanmoins étiquetée « divers gauche ».". Tout est dans ce "néanmoins". Le chercheur y parle aussi du "nouveau maire, officiellement divers gauche, de Montpellier". Une nouvelle preuve que remettre en cause l'étiquette "divers gauche" que s'est auto-attribué Philippe Saurel, n'est pas dénué d'un certain fondement.]

[Màj le 11 décembre : André Vezinhet, président (PS) du conseil général de l'Hérault a déclaré le 2 décembre, à propos de la majorité municipale de Montpellier : "On ne sait pas très bien où elle est, à l’heure actuelle [...] je regarde comment cette majorité s’est constituée. Elle est autant de gauche que de droite. Donc elle est au centre. »]

__________
(1) L’ancien maire de Montpellier n’hésitait pas à faire pression sur la presse quand celle-ci écrivait des choses qui lui déplaisaient. Lire par exemple sur Acrimed : Le Président de région, Georges Frêche, met Midi Libre sous pression. on peut aussi mentionner la conférence de presse où Georges Frêche qualifia Montpellier journal de « fouille merde » (un compliment pour un journaliste) alors qu’on lui posait une question qui le dérangeait (ici en fin d’article). Ah les questions des journalistes…

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Publié dans Accès libre, Politique. Mots clés : .

4 commentaire(s)

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  1. cassandre said
    on 18 octobre 2014

    à 15 h 04 min

    Tenez-bon a préserver et protéger votre liberté d’analyse et d’information ! Sympa et merci de rappeler que celles ou ceux qui sollicitent des suffrages en prétendant « ne pas faire de politique  » ou par un « sans étiquette » trop ostensible penchent, par leurs actes, à droite mais n’aiment pas qu’on le dise. La communication saurélienne, très habile en donne d’autres indices : le maire est partout à tout instant (action) et valorise les sujets porteurs. Le maire fêtant l’Aïd el khebir chez les musulmans, le maire embrassant les bonnes soeurs, le maire avec les sportifs, avec les pompiers, le maire servant les brochettes etc…mais jamais de photos quand il déjeune aux Bains avec le gratin des consulaires ou des labos, quand il arpente le carré VIP du stade de la Mosson où l’on ne trouve guère les ‘sans-dents » quand il brunche à 100 invités dans les beaux domaines municipaux non ouverts au public…détails ou anecdotes futiles ? sans doute; il y en a de significatifs…

  2. mjulier said
    on 18 octobre 2014

    à 16 h 10 min

    C’est une frêchisation à grande vitesse, mais ce n’est pas encore Frêche: avec Frêche, les vigiles vous auraient volé votre enregistreur et jeté sur la rue!

    On sait que Saurel est un autocrate et qu’il n’est pas du tout de gauche, mais la vraie question c’est pourquoi fait-il tout cela (soutenir Claudine Frêche, refuser l’encadrement des loyers, militer pour la gare TGV inutile et pour l’urbanisation des zones agricoles inondables du sud de Montpellier, protéger les publicités illégales de JCDecaux malgré le départ de Pouget). Je ne vois que deux hypothèses:
    1) il y trouve son intérêt personnel. Soit financier, soit simplement clientéliste (les promoteurs dont il fait la fortune vont évidemment le soutenir aux prochaines élections),
    2) il y a des gens qui le font chanter sur des menaces inavouables. Quand on a fréquenté Frêche aussi longtemps, ça doit être difficile d’en ressortir sans quelques casseroles, même involontairement.

    Maintenant, c’est clair que s’il disait publiquement que la gare TGV est une absurdité et que, personnellement, il y est totalement opposé, je serais tenté de réviser mon jugement sur Saurel.

  3. Jacques-Olivier Teyssier said
    on 21 octobre 2014

    à 7 h 31 min

    De 2004 à 2010 où j’ai côtoyé l’ancien maire de Montpellier, les sbires de Georges Frêche ne se sont jamais comportés de la sorte à mon égard. Même si j’ai été un temps, interdit de conférence de presse.

  4. yanhel said
    on 22 octobre 2014

    à 16 h 09 min

    Gauche-Droite? C’est une question de fond car si les investis PS se font élire à gauche pour faire une politique de droite, le débat démocratique est confisqué. Ph. Saurel est hors du PS certes, mais il est l’ami de M.Valls. Il joue sur la confusion entretenue au sein du PS et sur tous les tableaux (dehors dedans). Dans le cas du maire de Montpellier, il faut s’intéresser à la composition de sa liste pour essayer d’y voir plus clair, puisqu’il entretien la confusion. Il s’est, en fait, entouré d’adjoints souvent éloignés de la politique. Certains affichent des réussites financières insolentes, d’autres commerçants et/ou professions médicales, toute leur vie ont fustigé « les impôts » et « les pauvres »" les assistés » et se retrouvent là, à participer de la chose publique, à gérer nos impôts et leurs affaires. C’est triste de les voir là, alors qu’ils sont illégitimes et que leur seul fait d’armes (politique)est d’appartenir à l’oligarchie locale. Il est en outre choquant dans un contexte de crise que des gens déjà très riches puissent s’enrichir encore, étendre leur influence locale et recevoir une pluie de privilèges et autres gratuités justifiées par leur « dévouement » soudain pour la chose publique ». Par contre, pour ceux qui les connaissent,les a-t-on jamais vus lors d’une manif, d’un premier mai, ou manifestant une quelconque prise de conscience solidaire et collective à gauche? Alors Ph. Saurel peut se dire de gauche si ça lui chante, mais je vous dis que certains dans sa liste et ses proches adjoints sont eux de droite et de droite libérale et atlantiste. J’avais déjà eu l’occasion de constater ce curieux phénomème dans les équipes municipales de G.Frêche Il y avait le même type de composition sociétale, H. Mandroux en est un bon spécimen. A terme, ce genre de mensonge tiendra pas, à un moment la politique les rattrapera et leur manque de consistance idéologique se verra comme cela s’est vu dans l’équipe précédente. Car les connaissant, je suis sûre que c’est plié, on ne pourra pas attendre d’eux un souci pour les valeurs de gauche…Par contre, ils vont bien s’amuser pendant 6 ans. Voilà. La colère monte. Encore.