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Le Mardi 25 novembre 2014 à 12:56

Jean-François Floch condamné pour agressions sexuelles s’en prend à nos sources


Co-dirigeant d’Eramondi (ex Bioréalités) avec son épouse Dominique Joubert, il a écopé mi-juin de 10 mois de prison avec sursis. Voulait-il plus de publicité ? Voulait-il se venger des plaintes de ses victimes qui ont demandé justice ? On ne sait pas mais il a chargé son médiatique avocat, Luc Abratkiewicz, de porter plainte pour « violation du secret de l’instruction » suite à un article de Montpellier journal (lire : Le patron d’une société rachetée par Servier condamné pour agressions sexuelles). Cette plainte conduit nécessairement à tenter d’identifier nos sources. Le papier était paru pas moins de cinq mois avant le dépôt de plainte alors que la Justice semblait prendre son temps. Si l’objectif de Jean-François Floch qui a ouvert une galerie d’art au Luxembourg, était d’avoir plus de publicité, c’est gagné : nous saisissons cette occasion pour publier de larges extraits du jugement gratiné du tribunal correctionnel de Montpellier. (1 030 mots)

Par Jacques-Olivier Teyssier

Pour des photos de Jean-François Floch et Dominique Joubert, voir ici et ici. Pour Jean-François Floch seul ici.

Jean-François Floch, patron d'Eramondi (ex Bioréalités)

Quand la gendarmerie appelle chez vous, en général une petite angoisse vous saisit. Mais là, pas du tout : Montpellier journal attendait cet appel. On savait depuis plusieurs semaines qu’une plainte avait été déposée par Jean-François Floch pour « violation du secret de l’instruction ». Cette action fait suite à l’article « Le patron d’une société rachetée par Servier condamné pour agressions sexuelles » dans lequel de larges extraits des procès-verbaux d’audition du chef d’entreprise ont été publiés. Montpellier journal va donc être auditionné comme témoin suite au déclenchement d’une enquête par le procureur de la République de Montpellier, Christophe Barret. Des fois qu’on accepterait de dire qui nous a renseignés…

L’entretien à la gendarmerie de Castelnau-le-Lez est fixé au 12 novembre. Il durera une quinzaine de minutes et sera courtois. Mais pour bien comprendre que la plainte conduit nécessairement à tenter d’identifier les sources de Montpellier journal, voici l’essentiel des échanges de l’audition.

Question : Comment avez-vous été amené à vous intéresser à l’affaire impliquant Jean-François Floch ?
Réponse :
Je ne souhaite pas répondre à cette question.

Q : Pour rédiger votre article, avez-vous rencontré ou contacté des victimes ?
R : Je ne souhaite pas répondre à cette question. Tout est dans l’article.

Q : Avez-vous pris contact avec des enquêteurs de la gendarmerie ?
R : Même réponse.

Q : Dans votre article, vous avez écrit que vous avez eu accès à la procédure. Pouvez-vous expliquer comment vous y avez eu accès ?
R : Même réponse.

Q : Quelles étaient vos motivations dans la publication de votre article ?
R : Comme toujours, l’information de mes lecteurs.

Q : Avez-vous publié cet article à la demande des parties civiles ?
R : Je ne souhaite pas répondre à cette question et je n’ai pas pour habitude de me faire dicter ce que j’écris.

Q : Pourquoi ne souhaitez-vous pas répondre ? Pour protéger vos sources ?
R : Oui.

D’après nos informations, au moins une dizaine de personnes, dont beaucoup – toutes ? – de victimes de Jean-François Floch, ont été entendues dans le cadre de cette enquête. On se doute qu’elles s’en seraient bien passé. Mais on occupe les magistrats et les enquêteurs – qui se disent souvent en sous-effectifs – comme on peut… On aimerait penser que, pendant ce temps, ils relâchent la pression sur ceux qui volent pour manger mais on craint que ce ne soit plutôt au bénéfice des délinquants financiers. Question de priorités politiques (lire aussi : Bernard Legras : « Très peu d’affaires économiques et financières émergent »).

Jugement deux ans et demi après les premières auditions
Rappelons également que dans l’affaire Floch, juridiquement simple, les premières auditions des victimes ont eu lieu en janvier 2012 et le jugement du tribunal correctionnel n’est tombé qu’en juin 2014. Et que la procédure aux prud’hommes, surréaliste du fait des dysfonctionnements du conseil des prud’hommes de Montpellier, est toujours en cours. Signalons enfin, parmi d’autres, cet article de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes : Lenteur, erreur de procédure : un médecin déjà condamné pour des violences sexuelles meurt (judiciairement) innocent des violences commises à l’encontre de Mme F.

Sur le fond, l’article publié le 9 janvier 2014 par Montpellier journal sur l’affaire, était très prudent. En effet, quand Jean-François Floch n’avait pas reconnu certains faits, ils n’avaient pas été mentionnés ou alors il avait été bien précisé qu’il les avait démentis. Le jugement du tribunal correctionnel de Montpellier du 17 juin 2014, lui, est bien plus net et précis :

Extrait du jugement du tribunal correctionnel de Montpellier du 17 juin 2014 condamnant Jean-François Floch à 10 mois de prison avec sursis

Sept personnes harcelées
Qu’apprend-on ? Que Jean-François Floch est prévenu d’avoir harcelé sept personnes « par des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à [leurs] droits et à [leur] dignité, d’altérer [leur] santé physique ou mentale ou de compromettre [leur] avenir professionnel, en l’espèce notamment en faisant des allusions sexuelles et en leur proposant de se dénuder ».

Mais aussi d’avoir « tenté de commettre une atteinte sexuelle avec violence, contrainte, menace ou surprise » sur cinq personnes. Pour l’une d’entre elles, « en lui ouvrant la fermeture éclair de sa salopette ». Pour une autre, « en glissant sa main dans son chemisier et en lui touchant la poitrine ». Pour encore une autre, « en lui touchant la poitrine et en tentant de l’embrasser ». Pour encore une autre « en lui touchant la poitrine en passant sa main dans son soutien gorge ». Pour une dernière, « en lui touchant le ventre juste sous la poitrine ».

« Gravité de l’infraction »
Puis les magistrats écrivent : « Attendu qu’il résulte des éléments du dossier que les faits reprochés à Floch Jean sont établis ; qu’il convient de l’en déclarer coupable et d’entrer en voie de condamnation. La gravité de l’infraction et la personnalité du prévenu imposent le prononcé d’une peine d’emprisonnement. » Soit 10 mois de prison. Mais il « peut bénéficier du sursis » puisqu’il « n’a pas été condamné au cours des cinq années précédent les faits pour crime ou délit de droit commun ».

Jean-François Floch est reconnu coupable de harcèlement moral (commis du 13 mai 2009 au 1er mars 2010), de tentative d’agression sexuelle (commise le 1er juin 2009), d’agressions sexuelles (commises les 1er juin 2009, 1er juillet 2009, 1er janvier 2012 et du 1er août 2009 au 31 juillet 2011). Les victimes se voient accorder des sommes en réparation des préjudices. De 1 000 € à 4 000 €, selon les cas pour un total de 13 000 € plus 1 000 € par personne pour les frais engagés dans la procédure soit 7 000 €.

Jean-François Floch ne fait pas que de la procédure judiciaire. Il a aussi ouvert une galerie au… Luxembourg nommé « 7 in Luxembourg » en référence, selon lui à la ville de Sète. Et dans les nombreux articles de presse consacré à cette galerie repris sur le site Internet de l’établissement, aucune trace de la condamnation. Étonnant, non ? Mais Jean-François Floch n’en a pas fini avec la Justice puisque la décision des prud’hommes est (peut-être) attendue dans les prochaines semaines.

Sollicité via son avocat pour qu’il puisse exposer sa position, Jean-François Floch n’a pas donné suite.

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