Skip to content


Le Lundi 23 mars 2009 à 12:44

Leçon de journalisme par le patron de "Midi Libre"


Le 29 septembre 2008, Alain Plombat intervient devant les étudiants du Master Métiers du journalisme de la fac de droit de Montpellier. Même si ses propos ont été tenus il y a plusieurs mois, ils ne manquent pas de sel. En particulier si on les rapproche de certaines pratiques des titres du groupe qu’il dirige : Midi Libre, Montpellier plus et L’Indépendant.

(photo Mj)C’est dans la même université que Georges Frêche a tenu, quelques mois plus tôt, ses propos fameux sur les « cons ». Ici, point d’enregistrement effectué à l’insu d’Alain Plombat, président du directoire de Midi Libre. Ils ont été publiés sur Haut courant, le site d’information des étudiants du Master métiers de journalisme de l’université Montpellier I. C’est ce site qui donne le lieu et la date de la vidéo. Pour l’instant, un enregistrement de 13 minutes est visionnable sur Dailymotion et des extraits dans l’article de Haut courant.

« L’annonceur peut influer sur une ligne éditoriale »
Premier sujet digne d’intérêt : les journaux gratuits. Écoutons Alain Plombat : « Nous avons à peu près 65 % de notre chiffre d’affaires qui vient de la vente du journal [Midi libre] et 35 % qui viennent de la publicité. Avec les gratuits, l’équation est totalement bouleversée puisqu’on dit : « C’est désormais la publicité qui va totalement financer la collecte et la transmission d’information. » Alors là, il y a deux attitudes. Soit l’attitude qui est quand même, à mon avis, un petit peu ingénue, de se dire : « Nos rédactions auront toujours la force de conviction, les règlements intérieurs pour s’opposer à une intrusion des milieux publicitaires dans notre travail quotidien. » Ça, je pense que c’est quand même un petit peu ingénu parce qu’au bout, l’annonceur peut quand même influer sur une ligne éditoriale s’il sait que l’avenir de la publication dépend totalement de lui. » Bel exemple de lucidité d’Alain Plombat qui, bien sûr, a la solution.

« Une certaine dérive de ces titres gratuits »
« Et puis donc, il y a cette vision beaucoup plus réaliste, il faut que cette presse gratuite ait des garde fous nettement supérieurs à ce qu’ils sont aujourd’hui. [...] Quand le groupe Midi Libre a lancé Montpellier plus, il ne l’a pas lancé en reniant ses principes. Quand Didier Thomas-Radux qui fait partie de votre corps enseignant, s’est jeté dans la bataille avec, bien sûr, notre aval, on a pensé que non seulement c’était important que nous soyons dans cette bataille. Pourquoi ? J’en reviens un petit peu aux codes internes. Parce que nous sommes des professionnels avec quand même une éthique, une déontologie et des règles professionnelles. Donc nous ne venons pas d’un univers marchand pur. C’est à dire que les règles qu’on s’impose sur le payant, cette sorte de fracture entre le business et l’information, nous avons pu la transposer sur la presse gratuite même si elle est diffusée gratuitement sur le tramway. Donc Didier Thomas-Radux et son équipe sont sur les mêmes fondamentaux que nous. Mais, certains éditeurs qui n’ont pas du tout un pôle payant, une expérience de la presse payante dans leur cursus, eux n’ont pas tout à fait ce type de contraintes, en tout cas ils ne veulent pas en entendre parler. Donc, à un moment, on risque d’avoir… et on a déjà assisté à une certaine dérive de ces titres gratuits qui, pour capter les budgets publicitaires, sont prêts à travestir l’évènement ou en tout cas à essayer de le mettre aux normes qui conviennent à un annonceur. Donc je crois que là on est un peu en bout de système. Et c’est sur cette sorte de doutes, de contradictions que peut se bâtir une nouvelle conception du métier de journaliste. »

Résumons : Il serait « ingénu » de penser que la rédaction d’un journal gratuit aura « toujours la force de conviction [...] pour s’opposer à une intrusion des milieux publicitaires dans [son] travail quotidien ». Heureusement Montpellier plus est sur « les mêmes fondamentaux » que Midi Libre composé de « professionnels avec quand même une éthique, une déontologie et des règles professionnelles ». Nous voilà rassurés.

« L’affaire Dominique Baudis »
Poursuivons la leçon avec le professeur Plombat : « Deuxième affaire qui relève un petit peu de cette course à l’échalote, de cet embrasement médiatique : l’affaire Dominique Baudis en France. Nous avons quand même le maire de Toulouse, l’ex président du CSA qui se trouve pris dans une affaire de pédophilie, etc. qui tourne très très mal. Pendant des mois, cet homme a été quand même cloué au pilori. Et les titres avec certains de la retenue mais d’autres, notamment les télévisions je pense à ce que pouvait faire Karl Zéro, ont ouvert un procès, l’ont envoyé au buché. Donc vous vous apercevez que dans une démocratie comme la nôtre, où bien sûr il y a le droit de réponse, bien sûr il y a la possibilité de répliquer aux médias mais quand il y a un emballement médiatique, on n’en sort pas. » Évidemment, tout ça n’est pas du genre du groupe Midi Libre qui a donné avec deux de ses publications le nom, la photo, le nom de la résidence et l’étage de l’appartement d’un innocent dans l’affaire du « corbeau ».

« L’enfant de Rachida Dati »
Plus drôle : « Ce qui est dérisoire à notre niveau c’est ce qu’on vient de vivre ces dernières semaines avec la grossesse de Mme Rachida Dati [ministre de la justice] où l’ancien premier ministre espagnol Aznar est obligé de faire un démenti poussé par la rumeur en disant : « C’est pas moi le papa de l’enfant de Rachida Dati. » On est un petit peu dans un monde fou. » Tellement fou que le site Bakchich, souvent très bien renseigné, affirme que José Maria Aznar est bien le père de la petite Zohra Dati.

Mais alors comment fait Alain Plombat pour se retrouver dans ce « monde fou » ? « La citation qui me sert de boussole c’est la phrase de Camus quand il a commencé Combat à la libération : « Nous essaierons de faire un journaliste honnête donc impossible. L’impossible ne doit pas freiner l’enthousiasme de la première partie, nous essaierons de faire un journalisme honnête. » Je crois que si l’honnêteté continue de guider la démarche, l’évolution du métier que j’ai brossée à grands traits parce que je ne suis pas un historien de la profession, l’évolution sera oh ! combien importante, salvatrice et fondamentale pour l’avenir de notre civilisation. Voilà. » Applaudissements nourris dans la salle.

► Pour se faire une idée, certes très partielle, du travail des titres du groupe Midi Libre, voir les articles de Montpellier journal sur :

► Vous pouvez soutenir Montpellier journal.


Publié dans Médias. Mots clés : , , , , , .

10 commentaire(s)

Suivre les commentaires de cet article

  1. JLV said
    on 23 mars 2009

    à 21 h 05 min

    Bravo JOT, vous faites un travail journalistique de salut public. Vous éclairez les lecteurs qui ne comprennent plus ce journal. Qui sont pris pour des c…, c’est à la mode. Ce personnage, médiocre bonimenteur, est toujours là après que le journal a changé trois ou quatre fois de propriétaires en moins de dix ans – et les a trahi les uns après les autres. Il a fait fuir les grandes signatures de Midi Libre. Depuis dix ans, il passe son temps à chasser les vrais journalistes de l’entreprise, à faire des plans sociaux. A couper le quotidien de son histoire régionale. Faites ce que je dis…
    Quel exemple pour cette pseudo école de journalisme non reconnue ! Ce master est un débouché pour un réseau bien connu des clans montpelliérains. Pas pour les étudiants, très peu nombreux heureusement.
    Ses nouveaux patrons de Sud-Ouest vont-ils le laisser très longtemps continuer de massacrer ce journal aujourd’hui moribond ?

  2. Sully said
    on 24 mars 2009

    à 8 h 53 min

    A écouter le discours éthique-bidon de ce Mr Plombat de ML qui nous explique que l’on peut vendre ses espaces pubs sans vendre son âme !On préfère la franchise du patron de la Gazette, Mr Serres qui lui vends son âme et plein de pubs avec …

  3. DTR said
    on 24 mars 2009

    à 13 h 46 min

    Pour paraphraser Hugo, je dirais « Bon appétit messieurs les courageux anonymes ! ». Monsieur « JLV », comment peut-on d’un côté conchier avec autant de hargne les journalistes et regretter de l’autre que le Master (dont l’appelation est « Metiers du journalisme », non pas « de journaliste » cher M Teyssier, toujours aussi précis dans ses infos…) soit « une pseudo école de journalisme non reconnue » ??
    Pour une raison que j’ignore, vous êtes dans une logique paranoiaque à l’égard de la presse. C’est tendance semble-t-il. Mais ne vosu alissez pas aveugler par votre haine et ayez un peu l’honneteté intellectuelle de regarder les intervenants 2008-2009 de ce Master, tous des « vendus » selon vous : des journalistes de Midi Libre (normal il y a un partenariat) mais aussi Edwy Plenel (Mediapart), Laurent Mauduit (Mediapart), Laurent Léger (backchichinfo), Pascal Riché (Rue89), Frederic Schlesinger (France Inter), Claude Soula (Nouvel Observateur) etc.
    Question médiocrité, on a fait pire il me semble. Et les étudiants trouvent des débouchés, contrairement à ce que vous affirmez sans preuve. Il y en a même une qui est en CDI à La Gazette ! Après côté réseaux, arrêtons le grotesque. Versez voter bile mais essayez de faire fonctionner vos méninges et ayez un début de raisonnement qui est un BAba dans le métier que je suis fier d’exercer : des faits, pas seulement des convictions à l’emporte-pièce (ca vaut pour d’autres…). Et je ne peux que vous suggérer d’aller régulièrement sur le site hautcourant.com, vous y apprendrez j’en suis sûr, des tas de choses que vous ignoriez.
    Didier Thomas-Radux
    Journaliste (Pôle Editions Midi Libre)
    Professeur associé à UM1 (Master Metiers du journalisme)

  4. Jacques-Olivier Teyssier said
    on 24 mars 2009

    à 14 h 19 min

    Merci pour la précision, c’est corrigé. Et sur ton patron, rien à dire ?

  5. DTR said
    on 24 mars 2009

    à 15 h 02 min

    J’écris en tant qu’enseignant à l’Université (au fait pourquoi ne dénonces-tu pas le fait que le décret de ma nomination ait été signé par N.Sarkozy; encore un signe de l’insupportable allégeance de la presse non ??).
    Pour les précisions, décidemment je prends l’habitude de t’en donner… Je peux te donner des cours de méthodologie, si tu veux… Et tu verras, il y a une bonne ambiance à la fac !

  6. Jacques-Olivier Teyssier said
    on 24 mars 2009

    à 15 h 17 min

    Je reconnais bien volontiers qu’il m’arrive de commettre des erreurs mais désolé de te dire que je ne te considère pas comme la personne la mieux placée pour me donner des cours de méthodologie, de journaliste, de déontologie et surtout d’honnêteté intellectuelle. Heureusement pour toi, il y en a qui pensent différemment.

  7. catalan said
    on 24 mars 2009

    à 21 h 11 min

    ça me fait bien rire tout ça, nous a Perpignan avec l’indépendant nous avons au moins 2 fois par semaine des articles contre le maire de perpignan et o articles contre bourquin. Enfin des articles élogieux sur bourquin oui presque tout les jours. Au final ça devient lourd pour les lecteurs. a l’indépendant rien ne va plus chutes des ventes et de pubs. On se demande pkoi !!!

  8. FABI said
    on 25 mars 2009

    à 0 h 11 min

    Les leçons d’un journaliste qui cumule un poste de prof à la fac sont plutôt drôles. On a besoin de journalistes parisiens pour faire sérieux? On s’ennuie tellement dans ce journal référence ML? Il est vrai qu’il n’y a ni journaliste au chômage ni prof en attente d’un poste. C’est pour cela qu’il y a tant d’experts cumulards, indispensables donneurs de leçons en ces temps de crise.

  9. Anonyme said
    on 25 mars 2009

    à 1 h 14 min

    C’est certain, on pourrait en effet proposer aux étudiants des formateurs issus du Pôle emploi et de profs de fac en attente d’un poste (mais rémunérés, j’imagine, pendant ce temps-là) mais qui ne connaissent rien au journalisme. C’est une idée. Je suis certain que les étudiants profiteraient de leur fabuleuse expérience. Ah mais c’est vrai, ce n’est pas joli joli de partager son expérience auprès de jeunes lorsque l’on est un professionnel, ce n’est vraiment pas une bonne idée. Ouh la la, les méchants cumulards, les journaleux parigots, qu’ils restent chez eux, qu’ils ne viennent pas nous embêter chez nous, qu’ils ne viennent pas apporter leur expérience, savoir-faire, connaissance à nos étudiants qui ne méritent au mieux qu’un journaliste lambda du Midi Libre, au pire un journaliste du Pôle emploi.

  10. TROTS said
    on 26 mars 2009

    à 21 h 36 min

    Y se prend pas pour le roi des cons bis l’anonyme antisocial de 1:14?. Un complexe de supériorité l’étouffe, comme il atteint certains journalistes institutionnels locaux? Espérons qu’il n’a pas été chef d’un journal d’abribus et qu’il ne donne pas des cours de méthodologie et de déontologie, en +