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Le Mardi 30 mars 2010 à 19:48

Publicité dans Midi Libre : « la région freine » selon un cadre du groupe (3/3)


Le directeur financier fait un lien entre baisse de la publicité et ligne éditoriale de Direct Montpellier plus (même groupe de presse) qui ne plairait pas à la collectivité. Cette dernière dément et évoque la période électorale. Reste que Georges Frêche s’est plaint à plusieurs reprises du rédacteur en chef du quotidien gratuit.

« Publicité : 2009, année terrible »
, c’est le titre d’un chapitre dans le compte rendu du comité d’entreprise de Midi Libre du 11 février et dont Montpellier journal s’est procuré une copie (1). On y apprend que les temps sont durs (6 millions de pub perdus en deux ans) même si, « en 2009, Midi Libre fait mieux que la profession (qui est à -13%). [...] La pub des institutionnels s’est bien tenue : en hausse au premier semestre, mais en baisse au second. Ce ralentissement continue, le supplément de l’agriculture ayant, par exemple, dû être annulé, les 60 000 euros de la région n’étant jamais arrivés. »

Puis vient l’échange suivant :
« Pourquoi pas de reprise en vue ? », demande Guy Trubuil, représentant du personnel (collège journalistes).
Olivier Plays, directeur administratif et financier du groupe les Journaux du Midi, répond :« La région freine, c’est l’effet Montpellier +. Il semble que sa ligne éditoriale ne plaise pas à la région. »
Guy Trubuil : « Depuis quand ? »
Olivier Plays : « Cela s’amplifie compte tenu de la conjoncture. »

Extrait du compte rendu du CE de Midi Libre du 11 février 2010« La réalité est toute autre, bien évidemment »
Donc, si on comprend bien le directeur financier, la région ferait pression sur le titre payant car elle serait mécontente de la ligne éditoriale du quotidien gratuit. Et « cela s’amplifie ». Sollicité par Montpellier journal, Laurent Blondiau, ancien directeur de la communication à la région et aujourd’hui directeur de cabinet adjoint, déclare : « La réalité est toute autre, bien évidemment. D’abord la proposition a été faite à la région par Midi Libre de prendre de la publicité dans un supplément régional autour du salon de l’agriculture. Sauf que ce supplément n’existait pas l’an dernier c’est-à-dire qu’il n’existait que dans l’Aude et d’ailleurs nous avions pris de la publicité dedans. Sauf que la loi électorale est très claire sur la nécessité de l’antériorité en terme de communication durant une campagne électorale. Donc, en gros, on n’a pas suivi la proposition de Midi Libre parce que c’était une publication nouvelle à savoir un supplément régional consacré au salon de l’agriculture. »

Et sur le ralentissement ? « Il y a un ralentissement qui est tout à fait naturel en période électorale. Il y a une règle : à partir de 6 mois, il n’y a pas de publicité. D’ailleurs, non seulement je n’ai pas voulu prendre le risque d’opérations nouvelles sur le salon de l’agriculture mais on n’a pas, par exemple, fait les salons TAF alors qu’on l’avait fait l’an passé justement pour éviter les collusions qu’auraient pu noter nos adversaires politiques avec la publicité de la région. Il y avait 6 mois blanc mais dûs à la campagne électorale. [...] Je n’ai pas évoqué ces questions avec le directeur financier. Ils avaient été parfaitement informés de la loi électorale et à partir de là, on s’est tenu à ce qu’on avait décidé c’est à dire pas de communication institutionnelle de la région. »

En plein comité d’entreprise, au hasard ?
On a quand même du mal à croire que le directeur financier ait lancé ça, en plein comité d’entreprise, au hasard et qu’il aurait ignoré la raison invoquée par Laurent Blondiau. De plus, tout dépend aussi de la publicité en question. Car l’article 52.1 du code électoral auquel Laurent Blondiau se réfère sans doute, concerne les « réalisations ou la gestion d’une collectivité » donc ne devrait pas concerner, par exemple, les produits Sud de France. Enfin, une chose est sûre : le mécontentement de la région sur la ligne éditoriale de Direct Montpellier plus est arrivé jusqu’aux oreilles du directeur financier.

Et puis, il faut rappeler que Georges Frêche ne semble pas porter Jean-Michel Servant, le rédacteur en chef de Direct Montpellier plus, dans son cœur.  Il lui avait d’ailleurs reproché publiquement, lors d’une conférence de presse, de « traîner dans les bars avec de mauvais amis ». Comprendre : les anciens membres du cabinet du président de région dont deux sont aujourd’hui membres de celui d’Hélène Mandroux. Ce qui déplaît fort à Georges Frêche.

Pourtant, depuis le départ de Jean-Jacques Sarciat, ancien rédacteur en chef adjoint du gratuit, Direct Montpellier plus semblait avoir trouvé un certain équilibre entre Nicolas Guyonnet qui rédige des articles plutôt favorables à Georges Frêche et Jean-Michel Servant qui se montre parfois incisif. Mais cela ne semble pas convenir au président de région qui le faisait encore remarquer le 21 décembre, lors d’une autre conférence de presse à l’agglo à laquelle assistait Nicolas Guyonnet mais pas Jean-Michel Servant.

Un article qui a plu à Georges Frêche dans Midi Libre du 21 décembre 2009Georges Frêche : « Vous avez vu avec la troisième ligne de tramway ce que mon ami Saurel [maire adjoint à l'urbanisme] fait ? Vous avez dans Midi Libre un excellent article, ce matin, sur Odysseum (2). Ce n’est pas dans Montpellier plus qu’on trouverait ça, hein ? Mais dans Midi Libre, c’est bien. Bah, il n’est pas méchant, Servant. »
François Delacroix, directeur général des services, montre Nicolas Guyonnet pour rappeler à Georges Frêche qu’il y a un représentant du quotidien gratuit : « Mais il est là… »
GF : « Oui, mais lui, c’est…. [il s'interrompt puis : ] Mais je ne dis pas de méchanceté, je l’aime Servant. Ce n’est pas la peine de me faire le gros dos Mme Salleles [sa directrice de cabinet à l'agglo]. Je l’aime Servant. » Le rire est celui de François Delacroix.
Écouter le son :

Sur la question des présentoirs évoquée par Libération et reprise par Montpellier journal qui pourrait aussi être utilisée comme moyen de pression sur le groupe Midi Libre, Laurent Blondiau déclare : « Il y a beaucoup de rumeurs. Après, il y a une réalité : Montpellier plus est tous les jours distribué grâce au réseau de tram de l’agglomération de Montpellier. » Il y aussi un futur : l’arrivée potentielle de 20 minutes.

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(1) Contrairement à ce qu’affirmait Philippe Palat suite à l’article de Libération, cela prouve qu’il y a bien, dans ses équipes, des personnes qui communiquent des informations à d’autres médias.
(2) Signé par Yannick Povillon et Karim Maoudj. Soulignons que lorsque ce dernier met son nez dans des sujets qui déplaisent à Georges Frêche, celui-ci est beaucoup moins enthousiaste. En conseil d’agglo le 27 octobre, il avait qualifié un article du journaliste de « tract UMP ».


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