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Le Dimanche 1 février 2009 à 19:29

Tram : Frêche découvre et promet la Lune


Le président de l’agglo a annoncé vouloir doter Montpellier du réseau de tramway « le plus long de France » d’ici 2020. Et pour y parvenir, il reprend des propositions formulées par le Collectif tramway au début du siècle. Christian Dupraz des Verts dénonce, néanmoins, une méthode « assez lamentable ». Et la CGT de Tam n’est pas en reste.

La carte du réseau de tramway de Montpellier d'ici 2020 (source : agglomération de Montpellier)« Il annonce des choses parce qu’il n’est que dans la communication. Il est déjà dans les élections régionales. Là, il ne pense qu’à ça. » C’est ainsi qu’a réagi Arnaud Julien, conseiller municipal UMP à Montpellier, aux annonces faites lundi par Georges Frêche concernant le réseau de tramway de l’agglomération. De quoi s’agit-il ? Au delà des 35 km déjà réalisés (lignes 1 et 2), le président de l’agglo a rappelé les projets en cours : extension de la ligne 1 (Odysseum et ouest de la Mosson) et la construction de la ligne 3 soit un total d’environ 24 km supplémentaires pour un coût d’environ 550 M€. Mais la grosse annonce concernait les 60 nouveaux kilomètres : extension des lignes 1, 2 et 3, construction des lignes 4 et 5 pour un total d’environ 700 M€ (voir la carte que s’est procurée Montpellier journal). Aucun planning précis n’a été communiqué si ce n’est l’horizon 2020. Tous ces projets seraient le résultat du travail de la commission « réseau tramway » mise en place en 2008.

Démocratie participative
Problème, cette commission ne semble pas avoir mis en pratique la démocratie participative chère à Ségolène Royal, soutenue par ailleurs par Georges Frêche. « Il n’y avait ni le Collectif tramway, ni les Verts, ni l’Association pour la défense des transports en commun de l’Hérault (ADTC34). Aucun des organismes citoyens qui s’occupent de ça, n’ont jamais été invités. Sur la méthode, c’est assez lamentable », déplore Christian Dupraz, secrétaire des Verts de Montpellier. Au sein de Tam, ce n’est pas mieux :  » Cela fait plusieurs fois qu’on apprend à quelle sauce on va être mangé par voix de presse. Je n’en sais pas plus que vous (1). Donc on est très en pétard contre la direction qui nous prend pour des partenaires sociaux quand elle veut faire passer quelque chose et qui nous met de côté dans des cas bien précis », s’agace Bernard Gotis, délégué syndical CGT dans l’entreprise (2).

La Une de Montpellier plus du 27 janvier 2009Et tout ça pour quoi ? « Nous faisons un réseau de 120 km qui sera le plus long de France, le plus dense de France », déclarait Georges Frêche sur France 3 (26/01). Cette communication était reprise par Montpellier plus (en Une !, 27/01), le site et l’édition papier de La Gazette de Montpellier (26/01 et 29/01), France Bleu (27/01), L’Hérault du jour (28/01) toujours sans aucune distance ni mise en perspective. Pourtant, le raisonnement est pour le moins contestable. En effet, pour qu’il tienne, il faudrait que, pendant que Montpellier travaille, les autres villes ne fassent plus rien. Aujourd’hui, d’après le site d’Edouard Paris (1/02) Montpellier ne se classe qu’à la 5e place des réseaux français après Strasbourg (53 km), Bordeaux (44 km), Nantes (42 km) et Lyon (39 km). Et ces villes, bien sûr, ne sont, elles non plus, pas en reste pour annoncer des extensions futures à l’image de Bordeaux, Strasbourg, Nantes et Lyon. Sans compter tous les développement de transports en site propre (trolley, bus, métro).

Ces annonces, sans planning ni financement précis, satisfont néanmoins en partie certains militants qui étaient réunis au sein du Collectif tramway. Et pour cause : nombre de revendications qu’ils ont portées lors de la concertation de la ligne 2 à partir de 2001, sont présentes dans les projets annoncés le 26 janvier dernier. Ces revendications sont d’ailleurs toujours consultables sur le site du Collectif : extension vers l’Ouest jusqu’à Cournonsec et vers l’Est jusqu’à Castries, passage par le Jeu de Paume et suppression de la boucle du Lez. Pour les deux dernières, la ligne 2 étant réalisées, elles seront prise en compte via la ligne 4 (Jeu de Paume) et la ligne 5 (Lez).

« Ne pas prononcer le nom du Jeu de Paume »
Commentaire de Christian Dupraz : « Ce qui m’a pas mal amusé, dans la présentation de Frêche de la 4e ligne, c’est qu’il a réussi à ne pas prononcer le nom du Jeu de paume mais à dire que ça passait par Henri IV. » Comprendre : Georges Frêche n’a pu admettre qu’il avait dû se résoudre à faire passer le tram par ce boulevard. Et sur la ligne 5 : « C’est en gros reconnaître que la boucle du Lez est une catastrophe et qu’il faut un truc plus direct. » Eric Boisseau de l’ADTC34 préfère souligner : « Pour une fois, intérêt économique de l’entreprise et intérêt écologique du territoire se rejoignent et se conjuguent pour tirer le politique dans la bonne direction. » Car ils étaient nombreux à militer pour que le tramway sorte de l’agglomération. En effet, les voies sont moins coûteuses qu’en ville tout en permettant d’aller chercher des habitués des trajets en voiture. Michel Bozzola de l’association Geftram est néanmoins pessimiste : « J’ai bien peur qu’avant de faire les choses les plus intéressantes, ils fassent toutes leurs boucle dans la ville, encore une fois. »

Et puis, Georges Frêche conditionne « ses » projets au regroupement des agglos : « On ira jusqu’à Poussan. Nous allons d’ailleurs entamer les négociations pour l’alliance avec Mèze ou Poussan dans l’agglomération de Montpellier », expliquait, lundi, le président de l’agglo (La Gazette, 26/01). Eric Boisseau analyse : « Bien que le terminus à Poussan au bord d’une autoroute soit une hérésie économique et écologique (la ligne doit aller sur Sète, Mèze et Pézenas), le politique montpelliérain va s’en servir pour mettre la pression sur Pierre Bouldoire [président de l'agglomération du bassin de Thau] afin qu’il accepte la fusion des agglomérations. En Alsace, pour un même type de ligne, la communauté urbaine, le conseil général et le conseil régional, pourtant de couleur politique opposée, travaillent main dans la main ! » Car pour que le tramway sorte du périmètre de l’agglo, contrairement à ce qu’on entend souvent du côté de l’agglo, il n’est pas nécessaire que toutes les communes soient dans l’agglo. Il suffit de créer un syndicat mixte. Michel Bozzola explique pourquoi, selon lui, ce type d’accord n’est pas possible à Montpellier : « Pour passer des accords il faut négocier mais il est bien évident que Frêche ne sait pas négocier ni passer des accords. Lui, il impose. »

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(1) Bernard Gotis ne croit pas si bien dire. Lire : Interdit de conférence de presse. Sur l’information des citoyens, il est aussi à noter que le dossier de presse n’a toujours pas été mis en ligne sur le site de l’agglomération. En revanche les citoyens ont toutes les informations sur la fête de la truffe, le déménagement de la maison de l’agglo d’Odysseum, etc.
(2) Et quand on demande au syndicaliste s’il n’y aurait pas là une entrave au fonctionnement du comité d’entreprise, il répond : « Ça commence à le devenir parce que, une fois, deux fois, là ça fait trois fois, quand même. Ça commence à sembler bizarre. Je n’irai pas peut-être jusqu’à prononcer le mot parce que juridiquement, après derrière… Mais on pourrait peut-être commencer à y penser. Et quand on commence à y penser, en général, c’est qu’on n’est pas loin de l’appliquer… »


Publié dans Environnement, Politique. Mots clés : , , , , , , , , , , .

5 commentaire(s)

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  1. Observateur said
    on 2 février 2009

    à 0 h 00 min

    Cher JOT, je suis moi aussi sidéré que les journaux locaux ne prennent pas un minimum de recul par rapport ces effets d’annonces à répétition autour du Tram. Ils sont en train de se ridiculiser, à moins qu’ils ne pratiquent l’humour au 2ème degré.

    Concernant l’extension du tram vers Poussan, pour être de la partie, je confirme que c’est une inepsie technique, financière et d’aménagement territorial.
    Si les poussanais pensent que cette ligne va être prolongée pour leurs beaux yeux, ils vont vite déchanter. Un tel investissement doit être rentabilisé et donc l’urbanisation massive va suivre. Les professionnels qui connaissent la qualité paysagère et le potentiel agricole de la plaine qui sera traversée considèrent que ce serait un désastre.
    De plus, l’urbanisation de Poussan et des villages voisins déséquilibrerait complètement le territoire de Thau alors qu’il présente une vraie unité autour de l’eau car il colle au bassin versant de la lagune de Thau. Faire cette extension de tram conduirait à faire de Thau la 3ème couronne de Montpellier avec des mouvements pendulaires quotidiens domicile travail. Il est aussi probable qu’une grande majorité de gens prendraient leur véhicule car les temps de transport en tram (en voie unique, je le rappelle) seraient rédhibitoires. (pour info, depuis la construction du tram à Juvignacec, le temps de transport en commun en venant de l’ouest pour se rendre dans le centre de Montpellier a considérablement augmenté car les bus s’arrêtent désormais au tram).
    L’autre option est de faire de Thau un territoire autonome en terme d’emplois, de services et d’habitat (mais partenaire de Montpellier) avec un projet global autour du développement durable et plus particulièrement de l’eau (port, thermalisme, lagunes, pôle recherche, pépinières d’entreprises, …). Pour éviter l’étalement urbain anarchique autour des villages, la croissance urbaine pourrait être menée intelligemment dans un triangle d’anciennes friches industrielles entre Sète, Frontignan et Balaruc). Il se trouve qu’une ancienne voie de chemin de fer existe toujours et part de cette zone pour remonter vers Poussan, Gigean. Elle pourrait être réhabilitée pour faire une ligne de tram au sein de ce coeur d’agglo et avec les villages du Nord. Ce scénario de développement est très sérieusement envisagé sur Thau même si ce n’est pas simple car les élus sont sous la pression médiatique et politique (carottes et bâton) permanente de Frêche (également proprio du port de Sète avec sa casquette président de région), relayé localement par sa marionnette Yves Piétrasanta qui ne comprend plus rien à rien depuis belle lurette.

    Voilà, j’ai été très long, mais je suis ravi que Montpellier Journal aborde ce sujet car il est d’une importance capitale en matière d’équilibre territorial. Or, Frêche fait depuis plusieurs années un hold-up démocratique sur ce projet. Il nous abreuve de pubs et de sondages bidons sur la fusion avec Thau car il sait qu’un vrai débat contradictoire, avec des pros du domaine, lui serait complètement défavorable, en tout cas pour le scénario de faire de Thau la 3ème couronne de Montpellier..

    Alors SVP, JOT, allez-y, fouillez, interviewez, recensez et évaluez les arguments des uns et des autres, mettez tout ça sur vote site, générez du débat contradictoire.

  2. Anonyme said
    on 3 février 2009

    à 11 h 11 min

    Avant de penser à 2020, a-t-il pensé à aujourd’hui ? Qu’a-t-il été fait pour protéger Mauguio et les autres communes de l’Est des inondations – sujet d’actualité s’il y en a un ? C’est un sujet qui ramène peut-être moins de voix que de fanfaronner sur un tram jusqu’à Sète, et pourquoi pas Perpignan tant qu’on y est, vu que la ligne TGV et l’autoroute ont pris l’eau ?

  3. LOU CLAPAS said
    on 11 février 2009

    à 13 h 17 min

    FRECHE ET SON COSMODROME

    SOUVENEZ -VOUS 1993 G.FRECHE CANDIDAT AUX REGIONALES NOUS PROMETTAIT UN COSMODROME DANS L AUDE /
    AUJOURD HUI IL NOUS PROMET LA LIGNE DE TRAMWAY LA PLUS LONGUE DU MONDE.

    ALORS QU IL EST INCAPABLE D AMENER LES MONTPELLIERAINS A LA PLAGE DE PALAVAS LES FLOTS

    FRECHE C EST DU VENT DU VENT ET RIEN D AUTRE

  4. pierrot le zygo said
    on 11 février 2009

    à 20 h 43 min

    il va la baptiser la Staligne peut être ?

  5. marabbeh said
    on 18 février 2009

    à 23 h 00 min

    Lors de la création de la ligne 2, l’enquête d’utilité publique avait fait des réserves sur le fait que le tracé par les berges du Lez était trop long et que l’Agglo n’avait pas étudié la proposition alternative qui passait par le tour de l’Ecusson. Frêche a superbement ignoré ces réserves.