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Le Mardi 12 juillet 2011 à 17:06

Francis Navarro : « Votre article m’a donné la nausée »


C’est peu dire que l’article publié hier a déplu au conseiller d’Hélène Mandroux, le maire de Montpellier. Comme annoncé, Montpellier journal lui donne la parole. Le chirurgien rejette les accusations de favoritisme sur le projet Montbiotech et dénonce un article où il n’y a « aucune éthique ».

 

L’entretien a eu lieu par téléphone.
Montpellier journal n’avait pas de photo
de Francis Navarro en stock mais
il y en a une qui peut être consultée ici.

Dans cet article, vous allez lire des informations que vous n’aurez pas lues ailleurs. Pensez à faire un don à Montpellier journal s’il vous a intéressé.

L’article sur les « valeurs » d’Hélène Mandroux a été publié hier à 18h29. Montpellier journal avait tenté de rencontrer Francis Navarro avant pour recueillir son point de vue. Sans succès. Mais hier soir, après la parution de l’article, le chirurgien me laisse un message. Je le rappelle à 9h15 ce matin pour un entretien d’environ 20 minutes. Francis Navarro dit ne pas avoir pu me rappeler vendredi soir en raison de graves problèmes de santé d’un membre de sa famille (dont Montpellier journal n’a pris connaissance que ce matin). Voici l’essentiel de ses propos complété, a posteriori, par les remarques ou réponses de Montpellier journal.

Sur le don d’organes et l’action de la mairie dans ce domaine
Francis Navarro : « Quand on fait une démarche sur le don d’organes, ce n’est pas à but personnel. Moi ma carrière, je l’ai faite. J’ai plus de 50 ans et je n’ai nullement besoin ni de la mairie ni de qui que ce soit. Seulement ma mission professionnelle est de promouvoir le don d’organe sous quelque forme que je puisse le faire car mon métier c’est celui d’être chirurgien. C’est une mission universitaire de médecin et ma fonction, non seulement m’autorise, mais m’oblige à promouvoir le don d’organes. Si Mme le maire en fait une affaire personnelle parce qu’elle a fait un voyage à Sherbrooke et que Sherbrooke est bien en avance sur le don d’organes, il n’y a aucun problème là-dessus. »

[…]

« La fameuse page dans Le Monde dont le coût avait été, me semble-t-il, excessif, était mandaté par M. Lozano [directeur de la communication] et pas par Mme le maire. »
Montpellier journal
: Cyril Lozano est en vacances. Il a été néanmoins sollicité mais n’a pas rappelé Monpellier journal. Christian Assaf, son supérieur hiérarchique de l’époque, n’a pas souhaité s’exprimer. Si ce que dit Francis Navarro est vrai, cela révèle d’importants dysfonctionnements à la mairie. Montpellier journal interrogera le maire sur ce point.

Sur la reconversion du site de l’EAI
Francis Navarro : « Sur l’affaire Monbiotech, vous vous permettez de sabrer le projet en faisant des allégations, des suppositions d’aide ou autre. Le projet est tombé à l’eau. Vous vous permettez de traîner Montbiotech dans la boue mais je vous signale que si vous étiez bien informé, vous sauriez que le seul projet qui a la velléité d’engendrer la création de 1500 emplois sur dix ans, c’est le projet Montbiotech. »
Montpellier journal
: donc le projet n’a pas été favorisé, selon Francis Navarro. Plusieurs personnes disent le contraire. Les deux questions qui restent néanmoins posées sont : le maire peut-elle accepter qu’un ami proche concoure sur un projet d’une telle ampleur ? L’ami en question doit-il répondre à un tel projet ? Certains répondent non. Hélène Mandroux et Francis Navarro, oui. De plus, Montpellier journal n’a jamais écrit que le projet Montbiotech était de bonne ou de mauvaise qualité. Un projet favorisé peut être de très bonne qualité. Tout comme d’ailleurs un projet non favorisé. Enfin, un projet favorisé peut aussi ne pas aller jusqu’à son terme.

Francis Navarro : « Ce projet a été mis au placard par l’équipe de Mme Mandroux. Par l’administration de Mme Mandroux. »
Montpellier journal
: À Midi Libre, Francis Navarro avait effectivement déclaré (20/06) : «L’appel à idées pour l’aménagement de l’EAI – qui a vu naître six projets, dont un auquel j’ai participé – a été entièrement abandonné sans qu’on sache réellement pourquoi ! » À ce jour, aucune communication de la mairie n’a confirmé ces déclarations ni donné les raisons de cet abandon. À nouveau, Francis Navarro semble dire que des décisions prises en mairie ne le sont pas par le maire. Si c’est le cas, cela révèlerait d’importants dysfonctionnements. Soulignons que le projet est conditionné par l’aboutissement des négociations avec l’État pour le rachat, par la ville, du terrain voire des bâtiments existants.

Question de Montpellier journal à Francis Navarro : « Qu’est-ce qui est inexact dans cet article ? »
Francis Navarro : « Je viens de vous le dire. […] Pour votre gouverne, savez-vous ce qu’est en train de devenir l’EAI ? Un simple projet immobilier. Voilà ce qu’est en train de faire la mairie alors que Montbiotech était le seul projet qui s’occupait des Montpelliérains, de faire le pont avec certaines institutions et d’engendrer la création d’emplois. »

Sur… Georges Frêche
Francis Navarro : « Je ne suis pas étonné de ce que vous faites. Quand le projet a été mis en place, celui qui voulait attaquer ma présence dans l’équipe de Montbiotech, c’était Georges Frêche. Pensez bien que j’avais prévu de telles attaques. J’attendais l’attaque de Georges Frêche. Donc le dossier est construit de telle façon que rien n’est critiquable, que les fameux 30 000 euros auxquels vous faites allusion, ont tous été utilisés dans le détail avec un expert comptable. Il y a dans ce dossier une étude faite par un cabinet d’experts sur la véracité, la faisabilité de la création de 1500 emplois à Montpellier dans le cadre du projet de l’EAI. »
Montpellier journal
: Une fois de plus, il est démontré que Georges Frêche n’était pas toujours là où on l’attendait. Ce que ne semble pas vouloir comprendre Francis Navarro, c’est que le doute sur le favoritisme existe. Qu’il soit réel ou pas. On peut donc, au minimum, y voir une faute politique de la part du maire. Ce que d’ailleurs Francis Navarro confirme quand il déclare avoir identifié qu’il pouvait être attaqué sur ce projet. Concernant les 30 000 euros : l’intérêt du projet ne réside bien évidemment pas uniquement dans cette somme mais dans les perspectives financières qu’il laisse entrevoir. Voir le dossier sur le site de la ville dans lequel on peut mesurer l’ampleur du projet immobilier (entreprises et logement).

Sur sa relation avec Hélène Mandroux
Francis Navarro : « Ma relation avec Mme Mandroux est une relation d’amitié, de conseiller que j’essaye de faire au mieux parce que je ne revendique rien. Effectivement, je suis d’un conseil – j’essaye le plus judicieux – quand elle me le demande. Et je n’ai aucune prétention d’avoir connaissance de la totalité des dossiers. Ce n’est pas mon métier et j’ai bien d’autres préoccupations. »

[…]

« Vous méconnaissez Mme Mandroux. L’avez-vous rencontrée un jour ? Elle m’a dit qu’elle vous a donné un rendez-vous pour le 18 [juillet] et vous pensez qu’elle va vous rencontrer alors que vous écrivez qu’elle a « la poignée de main molle » ? Vous la fracassez. Parce qu’il n’y a pas d’autres termes. […] Vous faites une attaque personnelle quand vous écrivez qu’elle a la main molle. »
Montpellier journal
: la poignée de main est un des outils de travail du politique tout comme son regard voire, de nos jours, son sourire. C’est à ce titre que Montpellier journal l’a évoquée. C’est aussi le maire et son conseiller qui ont choisi de mettre régulièrement en avant son « humanité ». Je suis le maire dans ces apparitions publiques depuis 2004 donc je pense la connaître un peu. Par ailleurs, j’ai demandé une interview avec le maire le 16 février 2009 via son service de presse. J’ai confirmé ma demande les 5, 19, 22 et 28 mai 2009. Sans succès. Le 25 avril 2009, Montpellier journal tente d’aller interviewer directement Hélène Mandroux à l’occasion d’une réunion publique. Sans succès : Charles Khoury, son chef de cabinet d’alors, fait obstruction.

Sur Montpellier journal et les médias en général
Francis Navarro : « Sur mon conseil – et ça je le reconnais – depuis les événements récents, je lui ai dit : « Il faut absolument que la proximité soit établie avec le monde médiatique montpelliérain. » Elle a rencontré [Alain] Nenoff pour L’Agglorieuse ; Midi Libre… Tout ce qu’elle a à dire, il faut enfin qu’elle le dise car elle n’a jamais eu de communication qui allait dans le bon sens. Quand elle m’apprend que vous avez téléphoné à Bosom [ancien directeur de cabinet du maire], je lui conseille fortement de vous rencontrer car les questions que vous posez méritaient des réponses mais là, elle a vécu cet article comme une atteinte personnelle. C’est humiliant ce que vous écrivez à son égard. Moi je le vis comme ça. […] Là, elle va faire ce qu’elle veut. Je vous dis ce que j’ai à vous dire. Elle vous recevra ou pas, je n’en sais rien. »

« Votre article m’a donné la nausée M. Teyssier. Vous écrivez bien, proprement, avec de belles phrases mais son contenu n’est pas digne d’un journaliste. Il n’y a aucune éthique, même L’Agglorieuse a plus d’éthique que vous quand vous écrivez ces quelques mots. On m’avait fait des éloges sur votre capacité à écrire mais vous prenez des informations et vous n’en vérifiez pas même le contenu ni la véracité. »
Montpellier journal
: les lecteurs réguliers de Montpellier journal savent que ce n’est pas le genre de la maison de ne pas vérifier ses informations. Des erreurs sont toujours possibles et elle sont alors corrigées. Il faut également rappeler que la mairie et Francis Navarro étaient informés depuis mercredi soir que je travaillais à deux articles sur Hélène Mandroux. Ce n’est que samedi en milieu d’après-midi que j’ai été informé que le maire m’accordait un entretien le 18 juillet. Dans le même temps, le maire a trouvé le temps d’accorder un entretien à l’AFP dont des extraits ont été publiés le 11 juillet. Sujet : une information connue depuis le 29 juin, le soutien du maire de Montpellier à Martine Aubry. Chacun décide de ses priorités mais il ne faut pas ensuite reprocher à Montpellier journal de ne pas donner la parole aux personnes mises en cause.

Francis Navarro : « J’avais une piètre opinion de L’Agglorieuse car ils sont toujours dans le marigot à fouiller. Je ne savais pas que vous étiez pire encore, à la recherche de ce genre de formulation des articles. Vous m’avez donné la nausée hier soir. Dans le contexte de ma vie privée, ça a été très désagréable. Je n’ai pas à vous rencontrer, vous pouvez écrire encore toutes les saloperies que vous voulez sur moi. J’ai les épaules larges mais j’ai d’autres priorités. Si Mme le maire veut vous rencontrer, il n’y a aucun problème. Ce que vous avez écrit me suffit pour me dire que je n’ai même pas envie de vous avoir en face et de vous dire quelle est ma vie, ce que je pense, mes points de vue politiques, pourquoi je suis engagé politiquement. »
Montpellier journal
: Montpellier journal continuera néanmoins de proposer à Francis Navarro de s’exprimer quand ce sera nécessaire. Par ailleurs, Georges Frêche m’avait une fois lancé, alors que je lui posais une question dérangeante : « Vous savez ce que ça veut dire fouille merde ? » « Fouille-merde » vient de l’américain « muckraker » qui a fini par désigner les journalistes d’investigation qui mettent en lumière les dysfonctionnements des pouvoirs politiques et économiques. Voir la définition de Wikipedia (en anglais). De même, dire que je suis « toujours dans le marigot à fouiller », est pour moi un compliment.

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► Lire aussi : Hélène Mandroux est-elle vraiment fidèle à ses fameuses «valeurs» ?


Publié dans Politique. Mots clés : , , , .

3 commentaire(s)

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  1. Maj said
    on 12 juillet 2011

    à 19 h 43 min

    Bonne continuation dans les marigolades … Mj est un journal qui devrait être reconnu d’utilité publique.

  2. Rose said
    on 12 juillet 2011

    à 22 h 02 min

    Même si j’ai trouvé l’article précédent très dur pour Madame Mandroux je pense que Jacques-Olivier reste et restera, à mes yeux, un bon journaliste d’investigation. Bien sûr, ça ne peut pas plaire à tout le monde et si cela pose un problème à monsieur Francis Navarro qu’il porte plainte pour diffamation !
    Je pense, contrairement à ce que dit ce dernier qu’il serait souhaitable qu’il rencontre celui qui dit des « saloperies » sur lui.
    Qu’il apporte les preuves des contre-vérités annoncées dans Montpellier Journal dans un face à face qui prouvera son courage et qui nous éclaireront, nous, les lecteurs !

  3. Laurent said
    on 12 juillet 2011

    à 23 h 26 min

    Le contenu de cet article c’est plus que digne, c’est du vrai journalisme ! merci beaucoup.

    Tiens, au fait, en occitan, un politicien c’est bien un « toca manetas », un touche-mains, non ?