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Le Lundi 8 juillet 2013 à 20:43

Les élus de gauche, Jean Moulin et Edward Snowden (audio)


Ce matin, des personnalités politiques (PS, PC, PG, EELV, etc.) commémoraient à Montpellier le 70e anniversaire de la mort de Jean Moulin, dirigeant du Conseil national de la Résistance. L’occasion de leur demander si la France devait accueillir celui qui a révélé l’espionnage massif réalisé par les États-Unis notamment en Europe. Il y avait tous les députés de Montpellier mais aussi les présidents de la région, du département, de l’agglo et le maire de Montpellier. Brèves interviews.

Après le dépôt de gerbes au pied de la photo de Jean Moulin à Montpellier au Peyrou le 8 juillet 2013 (photo : J.-O. T.)

« Vous savez, il n’y aura pas de scoop ce matin », nous lance Fanny Dombre-Coste, députée PS de la 3e circonscription de l’Hérault à son arrivée devant la célèbre photo de Jean Moulin, au pied du Peyrou. C’est là qu’une ministre, tous les députés de Montpellier, les présidents de région, de département et d’agglo, le maire de Montpellier, etc. sont rassemblés pour honorer la mémoire du héros de la résistance. Gerbes, Sonnerie aux morts, Marseillaise.

Mais ce n’est pas le scoop que cherche Montpellier journal. Juste recueillir la position des représentants du peuple concernant le sort fait à Edward Snowden alors que la France lui a refusé l’asile politique et qu’elle a même interdit temporairement à l’avion du président bolivien, Evo Morales, de survoler le territoire français au motif qu’il pouvait transporter celui qui est toujours bloqué dans la zone de transit de l’aéroport de Moscou.

Julian Assange, fondateur de Wikileaks et Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières ont appelé, le 3 juillet, « l’Union européenne, au premier chef la France et l’Allemagne » à réserver à Edward Snowden « le meilleur accueil, sous quelque statut que ce soit. Car si les États-Unis demeurent l’un des pays du monde qui portent au plus haut l’idéal de la liberté d’expression, leur attitude à l’égard des « lanceurs d’alertes » entâche clairement le 1er amendement de leur Constitution ». Amnesty international a, pour sa part, qualifié de « déplorables » « les tentatives des États-Unis visant à faire pression sur les gouvernements pour empêcher Edward Snowden de demander l’asile ».

Mais qu’en disent les élus ? Deux questions leur ont été posées : pensez-vous que la France doive accueillir Edward Snowden ? Que pensez-vous de l’attitude du gouvernement français par rapport à cette affaire ?

Du côté du Front de gauche et d’EELV : pas de surprise. Les positions des élus locaux sont conformes à celles prises par leurs organisations nationales c’est-à-dire en faveur d’un accueil du lanceur d’alerte.

  • Michel Passet, président du groupe communiste au conseil municipal de Montpellier : « Je trouve profondément scandaleux qu’on ne l’accueille pas. […] On considère que les gens doivent se taire. Moi je suis pour que les gens parlent. […] Le gouvernement français commet une grave erreur politique.  »
    Écouter le son :
  • René Revol, co-secrétaire du Parti de gauche de l’Hérault : « La France, terre des Droits de l’homme – et je dis ça le jour où on doit honorer Jean Moulin – pourrait parfaitement accueillir ce monsieur qui n’a fait que son devoir de citoyen, de lanceur d’alertes, etc. […] Je trouve scandaleux qu’un gouvernement de gauche n’ait même pas pris de distance là-dessus alors que ça ne lui coûtait rien. »
  • Jean-Louis Roumégas, député EELV de la 1ère circonscription : Le gouvernement a « cédé aux pressions américaines et c’est bien dommage. Je désapprouve ».

Du côté du PS, c’est beaucoup plus flou.

Il y a les pour :

  • Christian Assaf, député PS de la 8e circonscription : « Je suis choqué qu’on lui refuse l’asile politique. Au nom de la vieille tradition française, au nom du fait qu’il est censé posséder des informations concernant la sécurité nationale, je pense que nous nous honorerions à l’accueillir. » Concernant l’attitude du gouvernement français : « C’est un alignement sur la position américaine, je trouve ça tout à fait discutable. Dans la période, que ce soit sur cette affaire comme sur d’autres – l’Iran et autres – il conviendrait que la France fasse entendre une voix différente. »
  • Jean-Pierre Moure, président de l’agglomération de Montpellier a simplement répondu « oui » à la première question et n’a pas souhaité développer.

Il y a les mitigés :

  • Fanny Dombre-Coste, députée PS de la 3e circonscription : « C’est une question assez compliquée et il est difficile d’y répondre par oui ou par nom. Je regrette la petite erreur de la semaine dernière avec l’avion de Morales. Je ne vois pas d’inconvénient à ce qu’on puisse accueillir Snowden qui a été un lanceur d’alertes. Il faut protéger tous les lanceurs d’alertes, par principe. Quels qu’ils soient. Maintenant je comprends la complexité de la question puisqu’il s’agit d’accords avec les États-Unis qui nous ont quand même bien aidés dans la lutte contre le terrorisme. » Sur l’attitude du gouvernement français : « Ils ont raison d’être prudents et de discuter avec les États-Unis. […] C’est au chef de l’État d’avoir cette négociation avec Barack Obama.  »
  • Anne-Yvonne Le Dain, député PS de la 2e circonscription : « C’est un sujet difficile parce qu’il a quand même perdu – ce qui est assez sidérant – la nationalité américaine par une décision autocratique du gouvernement américain donc c’est un apatride. Sur un plan strictement individuel, je pense que oui. En tant que députée, je pense qu’on ne peut pas faire l’impasse sur les relations nécessaires et indispensables avec les États-Unis. Parce que c’est un partenaire économique et politique. » Sur l’attitude du gouvernement : « C’est une analyse par rapport à des alliés de longue date qui n’ont jamais failli ni trahi. […] Que les États-Unis s’autorisent à espionner les correspondances électroniques – et même plus éventuellement – de pays amis, c’est regrettable. D’un autre côté, quand on a besoin de leur aide par rapport à nos propres difficultés, ils les donnent et inversement. »

Il y a les contre :

  • Hélène Mandroux, maire PS de Montpellier et Max Levita, président du groupe PS à la mairie de Montpellier. La question leur est posée en même temps.
    Hélène Mandroux : « Edward … ? »
    Max Levita : « [A Hélène Mandroux :] Tu veux que je commence ? C’est un problème extrêmement compliqué que vous posez puisqu’on a des accords avec les Américains. Donc si on accueille et qu’ils demandent l’extradition, on est obligé d’extrader, c’est le fondement des accords. Donc accueillir pour après rejeter… Il vaut mieux qu’on ne l’accueille pas. »
    Hélène Mandroux se dit alors sur la même position que Max Levita et précise : « Le bon sens a parlé. »

Il y a ceux qui ne veulent pas répondre :

  • Christian Bourquin, président PS de la région Languedoc-Roussillon : « J’étais à la commémoration Jean Moulin et j’ai trouvé que c’est un bon moment et un important moment et je souhaite que tous on reste dans cette concentration-là et ce recueillement qui réunit, vous l’avez remarqué, toute la gauche départementale et régionale. Et j’en suis ravi. »
  • André Vezinhet, président PS du conseil général de l’Hérault : « Nous sommes là à la manifestation de la commémoration d’un grand homme, Jean Moulin, en plus natif de l’Hérault, de Béziers et héroïque dans sa résistance au nazisme. Et vous voulez m’embarquer dans un sujet… Non, je n’ai pas d’opinion sur la question, pardonnez-moi. »

Et il y a ceux qui ne savent pas :

  • Patrick Vignal, député PS de la 9e circonscription : « Je n’ai pas de réponse. Franchement, je n’ai pas suivi le dossier. »
  • Hussein Bourgi, premier secrétaire de la fédération PS de l’Hérault : « Je ne connais pas bien le dossier donc je ne pourrai pas te répondre. »

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