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Le Mercredi 3 novembre 2010 à 20:24

« La Gazette de Montpellier » va-t-elle continuer à se goinfrer d’argent public ?


La question mérite d’être posée tant les incertitudes financières pèsent sur l’hebdomadaire après le décès de Georges Frêche, gros pourvoyeur de publicités et idole de Pierre Serre, patron du journal : 1,3 M€ en 2009 pour la seule région Languedoc-Roussillon!

Extraits de La Gazette du 21 mai 2009 (et seulement de ce numéro)Après la réduction drastique des insertions publicitaires de la mairie dans La Gazette de Montpellier évoquée hier par Montpellier journal, Pierre Serre écrivait (28/10) que cette décision n’était « pas très grave sur le plan financier (2,8 % de recettes en moins) ». Ce n’est sans doute pas faux (1). Et puis, mairie et Gazette peuvent très bien se rabibocher. Les deux y ont intérêt. Les lecteurs-citoyens sans doute moins.

Environ la moitié du chiffre d’affaires !
Mais si on creuse un peu plus du côté des sources de revenus de l’entreprise de presse, que constate-t-on ? Que c’est 1,3 M€ que la région Languedoc-Roussillon a dépensé en annonces dans les Gazettes (Montpellier, Nîmes et Sète) en 2009 (2) – quelques mois avant les élections régionales. On peut ajouter à ce chiffre le montant de la mairie, celui du conseil général (45 K€). Et aussi celui de l’agglo que la collectivité a refusé, au mépris de la loi, de communiquer à Montpellier journal – nous y reviendrons. Mais on peut penser que le montant pour l’agglo est, au minimum du même ordre que celui de la mairie. On ne serait donc pas loin des 2 M€ soit environ la moitié du chiffre d’affaires ! Et encore faut-il ajouter les satellites de ces collectivités que sont la Serm, la Tam, ACM, Enjoy, etc. Les trois premiers étant gros pourvoyeurs d’annonces légales. Et surtout Sud de France export qui dispose, par nature, d’un budget publicité plus que conséquent. On en aurait presque le vertige.

Perdre ses lecteurs ?
Pour apprécier ces chiffres à leur juste valeur, il faut relire le numéro 5 de l’Accroche (novembre 2005) où il était écrit : « Pierre Serre [...] a la solution : « Il ne faut pas faire ses budgets d’exploitation » en se basant sur les rentrées en provenance des collectivités. Pour lui, ce doit être « la marge qui permet le développement ». Une marge qui aurait représenté en 2004 environ 8 % de son chiffre d’affaires annonceurs. Alors perdre ça, « c’est embêtant mais ce qui est plus grave, c’est de perdre ses lecteurs ». » 8% du chiffre d’affaire annonceurs ? On demande à voir à la lumière des chiffres donnés plus haut. Perdre ses lecteurs ? Si on lit bien le compte de résultat 2009, les ventes auraient représenté environ 1,2 M€. 100 000 euros de moins que les seules insertions de la région. Un journal sans lecteurs n’est plus un journal. Mais quand la contribution des lecteurs pèse autant que celle d’une seule collectivité décidée par un seul homme, on est en droit de se poser des questions sur la pertinence du modèle économique.

On pourrait aussi parler de La Lettre M, hebdomadaire économique et site Internet. Car devinez qui en est le gérant ? Pierre Serre. En 2009, les insertions de la région dans le périodique ont représenté environ 168 000 euros. Pas mal pour une entreprise qui revendiquait alors un chiffre d’affaires de 828 000 euros et un résultat net de 68 000 euros (source : societe.com).

Dans les petits papiers du président de région
Avec le décès de Georges Frêche, tout pourrait changer. Car, jusqu’à maintenant, si vous étiez dans les petits papiers du président de région, comme l’était Pierre Serre, vous pouviez compter sur les recettes de toutes ces structures que Georges Frêche contrôlait d’une main de fer. Que fera le catalan Christian Bourquin, le probable futur président de  région ? Sera-t-il aussi bienveillant envers La Gazette de Montpellier alors que ses électeurs sont, pour l’instant du moins, plutôt dans les Pyrénées-orientales ? Le temps sera-t-il venu pour La Gazette de saisir l’opportunité et de lancer La Gazette de Perpignan ? La réflexion est ancienne et il ne serait pas illogique – on ne parle pas ici de logique journalistique – de se lancer maintenant. Problème, ça risque de faire des frais en plus et pas forcément beaucoup de rentrées supplémentaires. Même si, dans ce cas, La Gazette pourrait sans doute compter notamment sur le conseil général des P.O. que préside pour quelques jours encore Christian Bourquin et à qui on fait confiance pour continuer à le contrôler depuis les bords du Lez.

Reste la question de l’agglo de Montpellier d’autant que son président ne sera pas la même personne que celui de la région. Et ça, c’est nouveau. Si Jean-Pierre Moure, le successeur désigné par Georges Frêche, était élu, tout pourrait bien se passer pour La Gazette. Et encore, ça reste à voir. Mais si c’était Hélène Mandroux ? Le maire de Montpellier, celle-là même qui vient de lui couper une grosse partie des annonces de la ville ! Pas gagné. En tout cas, le rabibochage serait alors quasi obligatoire pour La Gazette. Et sans doute pas impossible à condition d’être prêt à quelques compromis…

40 000 € par salarié
Un dernier calcul. Le compte de résultat 2009 nous apprend que l’effectif moyen des Gazettes représente 49 personnes. Si on divise les 2 M€ des insertions des collectivités, on arrive donc à environ 40 000 € par salarié. Montpellier journal dont l’existence repose quasiment sur le travail d’une seule personne, aurait sans doute plus de facilité à se développer avec 40 000 € par an. Mais ceci relève de la fiction puisque Montpellier journal se refuse à dépendre financièrement des collectivités locales et a choisi de demander à ses lecteurs de contribuer directement plutôt que de le faire par leurs impôts ou par leurs achats de biens ou de services dont les mérites sont vantés dans les publicités. Évidemment, s’il y avait un dispositif de financement public des médias, transparent et non soumis au bon vouloir des politiques, la position de Montpellier journal pourrait évoluer. L’espoir fait vivre.

Photo : extraits de La Gazette du 21 mai 2009 (et seulement de ce numéro)

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► Lire aussi :

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(1) En 2009, le montant des publicités et des annonces légales de la mairie s’est élevé à 263 362,66 €. La même année, selon les comptes publiés sur le site Infogreffe, le chiffre d’affaires de la Société anonyme des Gazettes associées (Gazette de Nîmes et de Montpellier) se répartissait comme suit : 1,26 M€ de biens vendus (numéros) et 4,1 M€ de services (publicités et annonces essentiellement). Comme la mairie avance que La Gazette aurait déjà touché 100 000 € en 2010, l’ordre de grandeur du manque à gagner ne serait pas loin de ce qu’évoque Pierre Serre.
(2) Sauf mention contraire, tous les chiffres cités ont été communiqués par les collectivités concernées.


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3 commentaire(s)

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  1. Jean-Pierre MASCLAU said
    on 4 novembre 2010

    à 11 h 50 min

    Je trouve saugrenue la comparaison que vous faites recettes pub/salariés…. Je ne sais quel est le ratio admis entre le nombre d’exemplaires vendus, et le nombre de lecteurs d’un hebdo….Je pense qu’il doit être de 1 à 3 ou de 1 à 4, non ? Style 75.000 ventes, 200.000 lecteurs ? ….Ce qui veut dire qu’un tiers des lecteurs d’un hebdo (news magasine ou autre) fait l’acte d’achat…. Si on le rapporte à vos chiffres d’Octobre : 20 donateurs pour 26.800 visiteurs uniques….cela représente 1 pour 2.340…….Si au lieu de 30 pour cent de vos lecteurs….seulement 1 pour 25 vous laissait 1 euro, ou 1,10 (je connais pas le prix de la Gazette (c’est à dire 7,5 fois moins qu’un hebdo classique), cela représenterait entre 1050 et 1.250 euros par mois… la question est de savoir qu’est-ce qui manque pour atteindre ce ratio, qui semble (mais je suis pas un pro) faible

  2. Jean-Pierre MASCLAU said
    on 4 novembre 2010

    à 11 h 51 min

    Correction : 1 pour 1.340

  3. Jacques-Olivier Teyssier said
    on 4 novembre 2010

    à 15 h 03 min

    Le ratio ne vise qu’à montrer que chaque poste est subventionné, certes de façon indirecte, à hauteur de 40 K€ par de l’argent public. Et c’est un minimum car je n’ai pas tous les chiffres de tous les satellites ni les achats en nombre.

    La comparaison entre l’acheteur d’un hebdo et le clic sur un article ne me paraît pas pertinente. Ceci dit, s’il y avait une sorte de péage à 0,10 € par article lu, Montpellier journal pourrait sans doute payer une personne à un vrai salaire.

    Mais tout ça est encore nouveau. Des initiatives existent comme celle de Rue89 http://www.jaimelinfo.com/ et elles pourraient apporter une solution à Montpellier journal. On verra. Sinon, j’irai faire autre chose. Ce qui serait dommage pour moi parce que je m’amuse bien.