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Le Mercredi 4 novembre 2009 à 14:18

Afghans de Nîmes : le préfet traîne


Six semaines après l’évacuation de la « jungle » de Calais les Afghans transférés à Nîmes n’ont toujours pas été reçus en préfecture.

Conférence de presse hier à Montpellier organisée par la Cimade et l'Association des Afghans de MontpellierLa préfecture distille au compte-gouttes les informations concernant les Afghans transférés de Calais à Nîmes. La question qui reste posée depuis le 12 octobre est : procédure « prioritaire » ou « normale » ? La première étant beaucoup moins favorable aux demandeurs d’asile que la deuxième. Et sur quels critères serait-elle choisie ?

« Au cas par cas »
Hier soir, la préfecture a fini par répondre aux sollicitations de Montpellier journal. Le service de presse nous a déclaré : « Les intéressés doivent être reçus avant que la préfecture se positionne sur procédure prioritaire ou normale. On en est encore au stade de fixer les rendez-vous. Les premiers devraient commencer à la fin de la semaine. Et c’est à partir de l’entretien entre la préfecture et l’intéressé qu’on pourra décider de la procédure. On se base notamment sur le caractère ou non abusif de la demande : si on considère que la demande d’asile est faite dans le seul but de faire échec à une mesure d’éloignement, l’individu sera susceptible d’être soumis à la procédure prioritaire. C’est vraiment du cas par cas et en aucun cas, comme il a pu être dit dans une conférence de presse de ce jour [hier], les 19 individus concernés sont sous le régime de la procédure prioritaire. C’est au cas par cas, on n’a pris aucune décision a priori. »

Suite à cette déclaration, Montpellier journal a demandé a avoir un entretien direct avec une personne de la préfecture pour comprendre les critères de choix de la procédure en particulier pour tenter de comprendre en quoi les demandeurs pourraient vouloir « faire échec à une mesure d’éloignement« . Sans succès, pour l’instant. Il y a au moins un préfet qui semble vouloir traiter de façon plus humaine ces réfugiés. Ainsi, d’après Jean-Paul Nuñez, le préfet de Rhône-Alpes a pris une décision plus rapide et semble-t-il de principe : « Après interventions diverses et variées, le préfet du Rhône a accepté les 8 [présents à Lyon] et les a mis en procédure normale. » Le militant de la Cimade semble convaincu que Claude Baland, préfet du Languedoc-Roussillon, aurait lui, fait le choix de la procédure prioritaire.

« Trois semaines supplémentaires d’incertitude »
Alors que fait Claude Baland ? Une chose est sûre : il traîne. En effet, la préfecture du Gard, rattachée à la préfecture de région, nous déclarait le 12 octobre : « Ils seront reçus en préfecture dans la semaine [donc avant le 17 octobre] pour avoir un entretien. » Trois semaines plus tard, ils n’ont toujours pas été reçus et devraient l’être, si on en croit la nouvelle communication, cette semaine. Cela fait donc trois semaines supplémentaires d’incertitude pour ces réfugiés pour simplement être fixés sur le type de procédure. On finit par se demander s’il y a un pilote dans l’avion préfectoral.

Jean-Paul Nuñez indique que le cabinet du ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire a été sollicité par la Cimade dans un courrier du 9 octobre. L’association a plaidé pour l’application de la procédure « normale » et demandé que des consignes claires soient données en ce sens aux préfectures concernant le traitement des dossiers des Afghans évacués de la « jungle » de Calais. Ce courrier est, toujours selon le militant, resté sans réponse.

Demande d’asile dans des conditions « normales »
Le ministre a pourtant toujours officiellement déclaré que sa priorité était la lutte contre les passeurs et non contre leurs victimes. Il a même affirmé que les immigrés « ne veulent pas des solutions d’hébergement que nous leur proposons. Ils veulent dormir à proximité du port de Calais pour pouvoir essayer de passer clandestinement. Et c’est ça que nous refusons. » (RTL, 22/09) Donc à Nîmes, il y a des gens qui ne veulent pas retourner à Calais, qui veulent tranquillement déposer une demande d’asile dans des conditions « normales » et non d’urgence, et l’État ne leur ‘a toujours pas accordé cette possibilité n’a même pas fait connaître sa position.

Pendant ce temps, vendredi, un ressortissant indien a été découvert mort dans la remorque d’un camion alors qu’il tentait de passer en Angleterre (1). Le ministre Besson a exprimé « sa grande émotion devant ce nouveau drame de l’immigration irrégulière, et son indignation face aux filières clandestines, qui font partir ces personnes de leurs pays en leur promettant un eldorado, en leur faisant payer un prix très élevé et courir des risques insensés ». De son côté, Jean-Claude Lenoir, de l’association Salam a déclaré (AFP, 30/10) : « Il y a un tel harcèlement de la part de la police que les migrants prennent de plus en plus de risques. » À Nîmes, sans la détermination des militants et des bénévoles, les Afghans transférés de Calais, seraient sans doute déjà repartis vers Calais. Jusqu’à quand vont-ils supporter d’attendre ?

Une pétition pour demander « la régularisation inconditionnelle des 19 Afghans de Nîmes » est lancée depuis lundi. À en croire le site, elle a déjà recueilli plus de 16 500 signatures. Sur la même page, les militants suggèrent aussi aux citoyens d’écrire au préfet de l’Hérault et fournissent un modèle de lettre.

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(1) Le film Welcome de Philippe Lioret montre très bien dans quelles conditions dramatiques ces tentatives sont réalisées. Regarder la bande annonce :


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4 commentaire(s)

Suivre les commentaires de cet article

  1. crespin said
    on 4 novembre 2009

    à 20 h 34 min

    Le « cas par cas » c’est un système aléatoire où le demandeur d’asile est tributaire d’un préfet plus ou moins indulgent, un système injuste où certains membres d’une même famille se retrouvent régularisés et d’autres obligés de quitter le territoire. Merci à Montpellier journal de donner des informations sur ces mesures arbitraires, afin que tous les français qui ont été touchés par le film « welcome » puissent approfondir leurs connaissances sur ce sujet qui n’appartient pas qu’à nos décideurs.

  2. Anonyme said
    on 5 novembre 2009

    à 13 h 57 min

    bien vu et merci pour l’info crespin, c est tjs plus facile de décrypté les coulisses et les termes des aministrations concernant le droit des sans papiers ou demandeurs d’asile. Merci Christophe crespin !

  3. Hussein BOURGI said
    on 5 novembre 2009

    à 15 h 38 min

    Bonjour,

    je ne vois vraiment pas pour quelle raison valable, ces Afghans n’auraient pas accès au régime de Droit commun, à savoir la procédure dite « normale ».

    Si on leur impose la procédure dite « prioritaire », on les obligerait à déposer leur demande en un temps record; ce qui est particulièrement aléatoire pour des personnes ayant fui la guerre et ayant souvent égaré leurs papiers admnistratifs et les preuves de ce qu’elles avancent.

    Par ailleurs, la procédure dite « prioritaire » ne permet pas aux demandeurs de bénéficier de certaines aides et facilités pendant la durée d’examen de leur demande.

    Pour avoir accompagné dans le passé des personnes sans papiers dans leurs démarches, j’ai le sentiment que le Préfet de l’Hérault est un homme sensible à certaines situations humaines. C’est pourquoi je souhaite, qu’il n’inflige pas (sans mauvais jeu de mots) un parcours du combattant à ces personnes qui n’ont connu que la guerre depuis plusieurs décennies.

    Merci à chacun(e) de signer la pétition et d’écrire au Préfet de l’Hérault.

    La solidarité n’est pas un vain mot !

    Hussein BOURGI

  4. Pierre-Sully said
    on 7 novembre 2009

    à 18 h 32 min

    J’aimerais savoir si ces sympathiques jeunes afghans ont fait le service militaire dans leur pays, ou bien s’ils ont échappés à la conscription obligatoire en fuyant leur patrie, auquel cas ce sont des déserteurs, qui ne meritent pas un droit d’asile sauf s’ils s’engagent dans la légion étrangère pour ensuite retourner défendre leur Pays et faire œuvre de libération avec les courageux jeunes Français qui actuellement se battent la bas pour leur avenir…