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Le Vendredi 14 octobre 2011 à 20:12

Robert Navarro s’arrange avec les déclarations de François Hollande sur le cumul des mandats


Il est pourtant son coordonnateur de campagne. Et Sébastien Denaja, le représentant de Ségolène Royal dans l’Hérault, ne bronche pas. Pourtant, sa championne est très attachée au non-cumul. Il faut dire qu’il est aussi un proche de Robert Navarro.

Sébastien Denaja, Philippe Saurel et Robert Navarro le 13 octobre 2010 à Montpellier (photo : J.-O. T.)Dans cet article, vous allez lire des informations que vous n’aurez pas lues ailleurs. Pensez à faire un don à Montpellier journal s’il vous a intéressé.

François Hollande n’a jamais été très clair sur le cumul des mandats. Hier, à l’occasion d’une conférence de presse organisée par Robert Navarro, son coordonnateur de campagne dans l’Hérault, Montpellier journal a tenté d’éclaircir les choses. Celui qui est aussi sénateur et premier vice-président de la région Languedoc-Roussillon (exclu du PS) prend la parole : « Je suis contre le mandat unique. Ce n’est pas ce qu’a promis François Hollande hier [mercredi, lors du débat d’entre deux tours], je vous signale. Il a dit qu’il était contre le cumul du mandat de parlementaire avec un exécutif local. Il faut être très précis. Parce que le mandat unique est une hérésie. Il faut qu’un parlementaire si on ne veut pas qu’il soit coupé du peuple, il soit adjoint ou conseiller général ou maire d’une petite commune. »

« J’ai très bien écouté François hier »
Problème, le texte sur « la rénovation » adopté par une large majorité de militants du PS, prévoit l’impossibilité de cumuler un mandat de parlementaire avec celui d’adjoint ou de vice-président – mais pas avec celui de simple conseiller municipal, général ou régional. Montpellier journal le fait remarquer à Robert Navarro qui précise alors sa pensée : « J’ai très bien écouté François hier. Sur des présidences d’exécutif local c’est-à-dire les maires des grandes villes, les présidents de grandes agglos, les présidents de conseils régionaux et généraux, voilà ce qu’il a voulu dire. Ne rajoutez pas ce qui n’est pas dedans. »

Montpellier journal se tourne alors vers Sébastien Denaja, représentant de Ségolène Royal dans l’Hérault. En effet, le non-cumul est un point auquel cette dernière dit attacher beaucoup d’importance. : « Ça correspond à ce que souhaite Ségolène Royal ? Parce que ce n’est pas ce que dit le projet du PS. » Sébastien Denaja ne contredit pas Robert Navarro en bottant en touche : « Écoutez, il y a un engagement, des principes clairs qui ont été édictés. J’ai trouvé que c’était tout à fait intelligible. »

« Qu’a décidé le Parti socialiste ? »
Qu’a vraiment dit François Hollande mercredi soir ? « J’ai un principe qui est incontestable parce que je l’ai toujours pratiqué. Moi je respecte les décisions de mon parti. Qu’a décidé le Parti socialiste ? De faire que, quoi qu’il se passe en 2012, nous nous appliquerons le non-cumul à la fin de l’année 2012. Très bien, j’y suis favorable, je l’ai voté, ça sera appliqué. Et si je deviens président de la république, alors là, j’ai pris un engagement qui vaut pour l’ensemble des parlementaires, il y aura le vote d’une loi qui s’appliquera donc à tous les députés et à tous les sénateurs et ça sera le non-cumul du mandat parlementaire avec un mandat d’exécutif local. Puis-je être plus clair ? » Réponse de Martine Aubry, sa concurrente : « Oui je pense. »
Regarder la vidéo (vers 14’20’’) :

Elle n’a pas complètement tort car François Hollande aurait pu citer des exemples de  « mandat d’exécutif local ». Mais on peut quand même constater que Robert Navarro a transformé « mandats d’exécutif local » en « présidences d’exécutif local ». Et ça change tout. Car le texte du PS, donc François Hollande puisqu’il dit qu’il l’appliquera, est bien plus restrictif que veut le faire croire Robert Navarro. Ainsi on peut lire (p5) : « L’interdiction du cumul d’un mandat de parlementaire et d’un exécutif local (maire ou maire-adjoint, président-e ou vice-président-e de conseil général ou de conseil régional, présidence ou vice-présidence d’un établissement public de coopération intercommunale) sera inscrit dans les statuts du Parti socialiste. » Il ne concerne donc pas uniquement les présidents d’exécutifs. Robert Navarro s’est donc arrangé avec les déclarations de François Hollande.

Christian Bourquin devra-t-il abandonner un de ses mandats ?
Dans la région, depuis les élections sénatoriales Christian Bourquin cumule son mandat de sénateur avec celui de président de région. À nouveau, Montpellier journal se tourne vers Sébastien Denaja et demande : en septembre 2012, si, d’ici là, Christian Bourquin est réintégré au PS, devra-t-il abandonner son mandat de sénateur ou de président de région. Nouveau dégagement en touche : « Ce à quoi il faut s’attacher, c’est aux principes. Je m’en tiens à ce principe. La façon dont chacun ensuite appliquera ou pas ce principe, ce n’est pas de ma responsabilité. » Et Robert Navarro vole à son secours : « De toute manière, ce sera dans le cadre de la loi donc ça s’appliquera à tous. »

Aujourd’hui, Montpellier journal interroge un militant un peu plus éloigné de l’hôtel de région que Sébastien Denaja. Et pose la même question à Nicolas Cadène, représentant de Ségolène Royal dans le Gard. Réponse plus nette : « S’il est réintégré au PS, il devra se conformer à ce qui a été voté par le PS. » Certes, mais Christian Bourquin n’était pas PS au moment de son élection au sénat. Alors, au-delà du texte, sur le plan des principes, Christian Bourquin doit-il lâcher un de ses deux mandats en septembre 2012 s’il était réintégré au PS ? « Sur le plan des principes, il faudrait un seul mandat », répond le militant.

La position de François Hollande a évolué
Si Robert Navarro n’est pas très clair, il faut bien reconnaître que la position de François Hollande a évolué. Et selon Nicolas Cadène, les discussions du vainqueur du premier tour avec Ségolène Royal avant qu’elle annonce son ralliement n’y sont pas étrangères. La candidate avait d’ailleurs poussé un coup de gueule il y a 12 jours sur Canal+ (2/10) : « Ça devait être fait au moment des élections régionales, ça n’a pas été fait. Ça devait être fait dimanche dernier au moment des élections sénatoriales, ça n’a pas été fait puisque François [Hollande] a promis aux sénateurs qu’ils pourraient continuer à cumuler, d’où un certain nombre de soutiens. Maintenant il nous dit 2014.  »
Regarder la vidéo (vers 6’20’’) :

On retrouve ces promesses aux sénateurs, sous-jacentes dans les déclarations de François Hollande. Et encore le 28 septembre. Petit historique.

26 mai 2010 : « Lorsqu’il y a la possibilité pour la gauche de gagner pour la première fois sous la Ve République la majorité au sénat, on doit effectivement chercher à éviter les cumuls de responsabilités et de fonctions mais, en même temps, si on peut être intelligent dans tel ou tel département pour permettre la victoire, il ne faut pas s’en priver. La bêtise, c’est toujours plus facile d’y accéder. » (France info).
Regarder la vidéo (vers 8’) :

8 juin 2010 : François Hollande est aux côtés des sénateurs frondeurs qui obtiennent le report de l’application du texte de la rénovation de septembre 2011 à septembre 2012. Il déclare (LCP)  : « C’est le principe d’intelligence, de souplesse, de subtilité qui l’a emporté sur un principe d’automaticité qui ne pouvait pas être entendu. »
Regarder la vidéo (ver 1’) :

28 septembre 2011 : « Au lendemain de notre victoire, je ferai voter une loi prohibant le cumul des mandats et cette loi sera d’application en 2014 au moment des élections donc après les législatives. […] Le mandat parlementaire pourra être simplement cumulé avec un mandat local mais pas d’exécutif local. » Question de Jean-Jacques Bourdin : « J’entends, chez Martine Aubry par exemple : les cumulards sont hollandais, les hollandais sont cumulards. Vous avez entendu ça ? » François Hollande : « Oui mais je ne suis pas sûr que ce soit la bonne expression. Heureusement que nous avions un certain nombre de candidats qui étaient connus des grands électeurs pour être désignés et permettre ainsi le basculement de la majorité au sénat. » (BFMTV) Donc 2014 et pas 2012 comme il l’a dit deux semaines plus tard. Mais entre temps le premier tour de la primaire était passé par là.
Regarder la vidéo (vers 7’45’’) :

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