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Le Mercredi 21 septembre 2011 à 17:14

Affaire Robert Navarro : Midi Libre triture une dépêche AFP


Le quotidien reprend les informations de l’agence de presse mais, au mépris de toute déontologie, retire la mention de L’Agglorieuse alors que l’hebdo est à l’origine des révélations. Puis Midi Libre semble se reprendre et modifie une nouvelle fois la dépêche.

Sur le site de Midi Libre après 11h15 et avant 12h16Un nouveau joli coup réalisé par L’Agglorieuse et son journaliste Alain Nenoff, ce matin : l’hebdomadaire révèle de nouvelles bizarreries dans la gestion de la fédération socialiste de l’Hérault par Dominique et Robert Navarro dont le feuilleton médiatique et juridique ne semble pas vouloir prendre fin : des dépenses de 8500 € destinées au bureau du député Robert Navarro aurait été réglées par la fédération socialiste de l’Hérault dont il était également premier secrétaire. Dominique, sa femme, était pour sa part salariée de la fédération et son attachée parlementaire.

10 000 € pour un journal du député européen
L’hebdomadaire s’interroge aussi sur le coût de l’impression et de la diffusion d’un « journal en quadrichromie du député Navarro tiré à 10 000 exemplaires ». Montant : près de 10 000 € qui aurait été réglé par la fédération donc avec l’argent des militants socialistes alors que les députés européens disposent de fonds pour régler ce genre de dépenses. Ces informations ont été reprises hier dès 21h50 par l’AFP qui disposait de l’article de L’Agglorieuse avant sa parution ce matin.

Et dans Midi Libre ce matin ? Rien. Ou plus exactement d’autres révélations. Selon le quotidien régional, « une entreprise informatique a été chargée de récupérer toutes les informations de la fédération (en particulier les listings), avant que le couple Navarro ne soit chassé de la fédération ». De quoi alimenter la thèse de la direction collégiale selon laquelle Robert Navarro aurait nettoyé ordinateurs et archives de la fédération avant que celle-ci ne soit mise sous tutelle par la direction nationale du PS. Et que la Direction collégiale mette son nez dans la comptabilité du couple Navarro. Ce que nie Robert Navarro.

Pas terrible pour un média ultra dominant
Pour lire les révélations de L’Agglorieuse sur le site du quotidien régional, il aura fallu attendre 10h11. Déjà pas terrible pour un média ultra dominant dans la région Languedoc-Roussillon. Mais Midi Libre a fini par faire ce qu’il fait souvent : reprise d’une dépêche AFP telle quelle et publication sur son site. Rien à redire là-dessus si ce n’est qu’il ne s’agit que de la duplication d’information déjà disponible ailleurs. Mais bon, Midi Libre n’est pas le seul à procéder de la sorte et la crise que traverse le quotidien régional n’arrange rien. Les autres sites d’infos (notamment lejdd.fr, europe1.fr, leparisien.fr), eux, n’ont pas modifié la dépêche et ont donc laissé la référence à L’Agglorieuse, hebdo à l’origine des révélations. Ce qui est parfaitement conforme à la déontologie journalistique qui consiste à citer un confrère quand on reprend ses informations (1). Mais Midi Libre, non. Voici, ci-dessous, le résultat.

Dépêche AFP initiale diffusée hier à 21h50 (c’est Montpellier journal qui souligne) :

« La direction collégiale de la fédération du PS de l’Hérault, qui a déposé plainte en mars pour abus de confiance contre l’ancien patron de cette fédération, Robert Navarro, a étoffé son dossier, a-t-on appris de source proche du dossier, mardi à Montpellier.

Cette source a confirmé les informations de l’hebdomadaire « L’agglorieuse », à paraître mercredi, qui fait état de nouveaux éléments mettant en cause le sénateur Navarro, concernant des fournitures commandées et payées par la fédération de l’Hérault mais livrées au Parlement européen de Bruxelles.

Selon l’hebdomadaire satirique montpelliérain, ce dossier porte sur des dépenses de plus de 8.500 euros pour 2005 et 2006. Et de lister : une pendule, une cafetière avec café… mais aussi deux sièges à 1.000 euros, deux armoires à 1.000 euros et un mini-réfrigérateur à 600 euros. »

► La dépêche est d’abord publiée telle à 10h 11 quelle sur le site de Midi Libre, puis modifiée à 11h15 pour donner ceci :

« La direction collégiale de la fédération du PS de l’Hérault, qui a déposé plainte en mars pour abus de confiance contre l’ancien patron de cette fédération, Robert Navarro, a étoffé son dossier, a-t-on appris de source proche du dossier, mardi à Montpellier.

Cette source fait état de nouveaux éléments mettant en cause le sénateur Navarro, concernant des fournitures commandées et payées par la fédération de l’Hérault mais livrées au Parlement européen de Bruxelles.

Ce dossier porte sur des dépenses de plus de 8.500 euros pour 2005 et 2006. Et de lister : une pendule, une cafetière avec café… mais aussi deux sièges à 1.000 euros, deux armoires à 1.000 euros et un mini-réfrigérateur à 600 euros. »

La référence à L’Agglorieuse a été supprimée à deux reprises ! Difficile de penser que c’est une erreur d’autant plus que la dépêche avait été initialement publiée conformément à l’original. (Sollicité par Montpellier journal, le journaliste de Midi Libre qui s’est chargé de la mise en ligne de la dépêche n’a pas donné suite).

Puis une troisième version de la dépêche est apparue après 12h16. Elle corriger partiellement le problème :

« La direction collégiale de la fédération du PS de l’Hérault, qui a déposé plainte en mars pour abus de confiance contre l’ancien patron de cette fédération, Robert Navarro, a étoffé son dossier, a-t-on appris de source proche du dossier, mardi à Montpellier.

Cette source fait état de nouveaux éléments mettant en cause le sénateur Navarro, concernant des fournitures commandées et payées par la fédération de l’Hérault mais livrées au Parlement européen de Bruxelles.

Selon l’hebdomadaire L’Agglorieuse, ce dossier porte sur des dépenses de plus de 8 500 € pour 2005 et 2006. Et de lister: une pendule, une cafetière avec café… mais aussi deux sièges à 1 000 €, deux armoires à 1 000 € et un mini-réfrigérateur à 600 €. »

Ces modifications ne corrigent que partiellement le problème car ce n’est pas la source qui a « fait état de nouveaux éléments mettant en cause le sénateur Navarro » mais, comme on l’a vu dans la dépêche initiale, L’Agglorieuse. Ce qui n’est pas la même chose, en particulier pour la source qui, dans un cas est à l’origine des révélations alors que dans l’autre elle ne fait que les confirmer.

Philippe Palat et les premières révélations
Ce feuilleton prend encore plus de saveur quand on sait que Philipe Palat, le directeur de la rédaction de Midi Libre, aurait tenté la veille de la parution de l’hebdomadaire, comme souvent, de savoir quelles informations L’Agglorieuse allait sortir. Il y était parvenu lors des premières révélations sur l’affaire Navarro, le 30 mars. Depuis, les journalistes de l’hebdomadaire semblent avoir retenu la leçon.

Philippe Palat ne devrait-il pas plutôt utiliser son énergie et ses moyens à tenter d’obtenir des informations en faisant simplement son métier ? Et, en cas d’échec, faire preuve de fair-play en reconnaissant le travail des autres quand il a été meilleur que celui de son journal ? On peut toujours rêver d’autant que Midi Libre traverse une crise grave (plan social imminent) et qu’il n’en est pas à son coup d’essai. Lire notamment : Fraude au thon rouge : un scoop frelaté de Midi Libre ou Quand Midi Libre nous fait bien rire avec ses « révélations » (lire en particulier le dernier paragraphe concernant la condamnation du quotidien pour un « acte parasitaire » et « contraire à l’éthique professionnelle »)

[Mise à jour à 17h25 : le PS a diffusé en début d'après midi un communiqué d'Alain Fontanel, secrétaire national à l'animation et à la vie des fédérations, chargé de la tutelle de la fédération de l'Hérault : "Contrairement à des informations inexactes diffusées hier, le Parti socialiste n'a transmis aucune pièce nouvelle dans le dossier ouvert suite à sa plainte contre M. Robert Navarro. La procédure judiciaire en cours se poursuit : la justice a été saisie en mars dernier, il importe qu'elle puisse travailler sereinement et impartialement sans interférences extérieures. La direction collégiale de la fédération de l'Hérault continuera à tenir à la disposition de la justice tout élément relatif au dossier. En tant que responsable de la tutelle de la Fédération de l'Hérault, et au nom de la direction nationale du Parti socialiste, je poursuivrai le travail de rénovation de cette Fédération dans un esprit de large rassemblement."]

[Maj à 18h10 : Montpellier journal a eu confirmation des informations publiées par L'Agglorieuse et Midi Libre. Donc ce que dit juste Alain Fontanel c'est que les élements cités n'ont pas (encore ?) été transmis à la justice.]

[Maj le 22/09 à 12h10 : Ajout d'un lien vers le communiqué d'Alain Fontanel. Midi Libre publie ce matin dans sa version papier un article reprenant les informations publiées hier par L'Agglorieuse sans mentionner que c'est l'hebdomadaire qui a sorti ces révélations. Une pratique fréquente chez Midi Libre. Le quotidien régional complète également par de nouveaux éléments : parmi les données transférées d'un ordinateur sur un disque dur, il y aurait eu le "listing des adhérents", la comptabilité et des échanges de mails. Le quotidien évoque également 4000 € de factures "dans un célèbre restaurant non loin du siège de la fédération" qui "continuent d'être honorées" après la mise sous tutelle de la fédération. Quant à Robert Navarro cité par le quotidien, il continue à réfuter "tout en bloc".]

[Maj le 1/10 à 16h00 : C'est un sujet de moindre importance mais Midi Libre a piqué ce matin une information lancée par L'Agglorieuse sans citer l'hebdomadaire. L'information est complétée mais il n'e demeure pas moins que c'est L'Agglorieuse qui a fait l'essentiel du travail. L'article de Midi Libre est signé Yannick Povillon, adjoint au patron de l'agence locale de Montpellier.

L'Agglorieuse du 21 septembre : Dans L'Agglorieuse du 21 septembre 2011

Midi Libre du 1er octobre :

Dans Midi Libre du 1er octobre 2011]

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► Lire aussi : Tous les articles publiés sur Montpellier journal concernant Midi Libre

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(1) Sauf pour les agences de presse qu’il n’est pas obligatoire de citer puisque les médias ont un abonnement qui les en dispense. Ceci dit, certains médias n’hésitent pas mentionner quand même le nom de l’agence. Midi Libre, non. Mais on s’en serait douté.


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