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Le Jeudi 26 mai 2011 à 23:43

Laurent Blondiau coupable de prise illégale d’intérêt ?


Le directeur de la communication de la région Languedoc-Roussillon sous Georges Frêche vient d’être embauché par Wonderful. Or, l’agence de communication a notamment comme référence client Sud de France export, un satellite de la région sur lequel Laurent Blondiau avait, au minimum, un œil.

Laurent Blondiau en juin 2010 au conseil régional Languedoc-RoussillonDans cet article, vous allez lire des informations que vous n’aurez pas lues ailleurs. Pensez à faire un don à Montpellier journal s’il vous a intéressé.

Les pratiques de l’agence Wonderful continuent d’étonner. Elle vient de gagner une partie du marché de la communication de la ville de Narbonne – dont le maire est le socialiste Jacques Bascou – alors que, comme l’avait souligné Montpellier journal, son expérience dans ce domaine est très limitée. Et voilà qu’elle vient d’embaucher Laurent Blondiau, ancien directeur de la communication de la région. C’est [NDLR], le magazine du Club de la presse de Montpellier, qui l’a révélé dans son numéro du printemps.

« Deux ans d’emprisonnement »
Si cette embauche peut étonner, c’est parce qu’elle flirte avec la prise illégale d’intérêt. En effet, l’article 432-13 du Code pénal stipule : « Est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende le fait, par une personne ayant été chargée, en tant que fonctionnaire ou agent d’une administration publique, dans le cadre des fonctions qu’elle a effectivement exercées, soit d’assurer la surveillance ou le contrôle d’une entreprise privée, soit de conclure des contrats de toute nature avec une entreprise privée ou de formuler un avis sur de tels contrats, soit de proposer directement à l’autorité compétente des décisions relatives à des opérations réalisées par une entreprise privée ou de formuler un avis sur de telles décisions, de prendre ou de recevoir une participation par travail, conseil ou capitaux dans l’une de ces entreprises avant l’expiration d’un délai de trois ans suivant la cessation de ces fonctions. »

Laurent Blondiau était bien un « agent d’une administration publique », en l’occurrence de la région, de 2007 à novembre 2010. Aujourd’hui il prend « une participation par travail » au sein de Wonderful. Et l’agence a notamment comme référence client, Sud de France export et le Comité régional du tourisme (CRT), deux satellites de la région. Reste la question : Laurent Blondiau a-t-il formulé « un avis » sur les contrats de Wonderful avec ces satellites ? A-t-il proposé « à l’autorité compétente des décisions relatives à des opérations réalisées » par Wonderful ou a-t-il formulé « un avis sur de telles décisions » ?

Mot à dire
Difficile à établir formellement même si des observateurs proches de ces opérations – côté collectivité ou côté agences – affirment que le directeur de la communication et le directeur de cabinet du président de région, que ce soit à l’époque de Jacques Blanc ou à celle de Georges Frêche, avaient, bien sûr, leur mot à dire dans le choix des entreprises fait par les satellites.

Ainsi, Christian Assaf, directeur de cabinet de Georges Frêche et patron du directeur de la communication, se souvient : « Il nous arrivait souvent de discuter de communication avec les responsables des sociétés d’économie mixte, des associations ou satellites divers et variés de la région dans un souci de cohérence. » Christian Assaf confirme que le cabinet avait parfois à répondre à un satellite qui demandait en substance : « On a prévu de prendre telle agence, qu’en pensez-vous ? » Du côté du CRT, on indique : « C’est une commission d’appel d’offres qui se réunit. » De plus, toujours selon le CRT, le directeur de la communication de la région ne participe pas à la rédaction du cahier des charges de l’appel d’offres. Donc il y aurait une totale autonomie du satellite vis à vis du cabinet. Ni Laurent Blondiau, ni l’agence Wonderful n’ont donné suite aux demandes d’éclaircissements de Montpellier journal.

Commission de déontologie
Pour lever les ambiguïtés fréquentes en matière de prise illégale d’intérêt, il existe la Commission de déontologie de la fonction publique dont l’objet est d’examiner, lors de départ des agents publics, « si les activités privées qu’ils envisagent d’exercer ne sont pas incompatibles avec leurs précédentes fonctions ». Le salarié ou la collectivité peuvent la saisir pour s’assurer que le passage au privé ne constitue pas un manquement au devoir de probité. Interrogé hier par Montpellier journal, Claude Cougnenc, directeur général des services de la région, affirme ne pas avoir connaissance d’une saisine de cette commission et encore moins d’un avis. Si ça avait été le cas, la région le saurait puisque c’est à la collectivité que la commission adresse son avis. Puis c’est la collectivité qui en informe l’intéressé même si c’est celui-ci qui l’a saisie. Si Laurent Blondiau n’avait rien à craindre de la commission, pourquoi ne l’a-t-il pas saisie ? Montpellier journal publiera sa réponse, si elle nous parvient.

En attendant, on ne sait pas si l’embauche de Laurent Blondiau par Wonderful peut être considérée ou pas comme une forme de remerciement pour des attributions de contrat. Et donc s’il y a, ou pas, prise illégale d’intérêt. À défaut d’avis de la commission, la réponse pourrait venir de la justice mais il faudrait que la région la saisisse si elle s’estimait lésée ou alors que le procureur s’empare lui-même de l’affaire. À voir.

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