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Le Mardi 10 janvier 2012 à 19:02

Cumul : Christian Bourquin s’assoit sur le vote des militants socialistes


Le président de la région Languedoc-Roussillon et sénateur des Pyrénées-orientales fait mine, à deux reprises et avec un culot monstre, d’ignorer la règle du non-cumul approuvée à une large majorité lors d’un vote interne au PS. Et que François Hollande a dit vouloir appliquer « à la fin de l’année 2012 ».

Christian Bourquin, président de la région Languedoc-Roussillon, le 25 novembre 2011 à l'hôtel de région (photo : J.-O. T.)Dans cet article, vous allez lire des informations que vous n’aurez pas lues ailleurs. Pensez à faire un don à Montpellier journal s’il vous a intéressé.

Échange surréaliste samedi 7 sur le plateau de La voix est libre sur France 3 Languedoc-Roussillon (vers 18’20’’) :
Marc Degli (France 3) : Les statuts du PS devraient vous pousser à abandonner un mandat en septembre 2012…
Christian Bourquin :
Vous me semblez très mal informé parce qu’aucun statut du parti socialiste dit qu’on doit abandonner un mandat.
MD :
Mais il y a eu un vote des militants sur le non-cumul des mandats.
CB : Ce sera appliqué quand une loi française l’aura décidé. Et le jour où il y aura cette loi – que je voterai – nous l’appliquerons.
MD : Mais ce qui a été voté par les militants du PS, pour l’instant, vous…
CB : Personne ne l’a appliqué, je ne vois pas pourquoi vous me poseriez la question à moi, particulièrement.
MD : André Vezinhet [président du conseil général de l’Hérault], par exemple, ne se présente pas aux élections législatives pour éviter de cumuler des mandats. Il y en a qui le font en tout cas.
CB : Nous ne sommes pas de la même génération.
MD : C’est donc juste une question de génération, selon vous ?
CB : Quand je serai en âge de retraite, je dirai que finalement…
MD : Vous pensez que c’est plutôt de cet ordre-là. En gros, vous pensez que vous pouvez cumuler le nombre de mandats que vous voulez, bien entendu en respectant la loi, mais en tout cas ne pas vous soumettre au vote des militants socialistes ? Ça, ça vous semble normal ?
CB : N’inventez pas [sic !] des règles et des lois, le problème n’est pas là…
MD : Ce n’est pas une loi, c’est interne au PS. Septembre 2012.
CB : Moi, mon problème, c’est la qualité de vie des 3 millions d’habitants. C’est face à la crise qu’est-ce qu’il se passe. Je ne vais pas embêter les gens qui nous écoutent ici qui ne sont pas au Parti socialiste – puisqu’il n’y en a que dix mille quand même dans la région. Le Parti socialiste, je vous le dis, je n’y reviens pas, n’a pas ce genre de règlement que vous évoquez [re-sic !]. Je ne les connais pas. Il a l’intention de le faire. Le jour où il le fera, nous l’appliquerons. C’est tout ce que j’ai à vous dire.

Sur France bleu Hérault ce matin, Christian Bourquin enfonce le clou.
Pierre-Jean Pluvy (France bleu) : Le cumul des mandats au Parti socialiste, on dit : ben voilà, c’est terminé, c’est fini, on s’engage à ne plus cumuler des mandats. Donc qu’est-ce que vous allez abandonner ? Un mandat ?
CB : Oh ! moi, vous savez, il faudra qu’il y ait une loi pour que tout ça s’applique. Je ne veux pas être le premier à qui s’applique ce dispositif. Donc dès que ça s’appliquera par une loi, pas de souci, je l’appliquerai. D’abord c’est une loi donc je n’ai même pas à le discuter. Mais pour l’instant, ce n’est pas une loi.
PJP : Le Parti socialiste ne vous engage pas ?
CB : Oh ! moi, le Parti socialiste, il m’engage pour être efficacement pour tous ceux qui n’ont pas d’emploi, pour relever l’économie, pour travailler pour la jeunesse, sur le pouvoir d’achat, pour… Voilà.
Écouter l’extrait :

Bref le président de région refait l’histoire et oublie le texte sur « La rénovation » voté par les militants (par 77 % des votants) et adopté par la convention nationale du parti le 3 juillet 2010. Le document stipule : « Tout-e élu-e à une élection parlementaire abandonnera ses mandats exécutifs locaux dans un délai maximum de trois mois après la tenue du scrutin. » Et précise aussi : « L’exemplarité, c’est de ne pas attendre la loi que nous ferons voter dans les premiers mois du quinquennat -et qui sera associée à un statut de l’élu- pour appliquer à nous-mêmes la limitation du cumul des mandats de parlementaires et d’un exécutif local. »

De plus, comme Montpellier journal l’a déjà souligné, François Hollande a déclaré lors du débat de l’entre deux tours de la primaire : « Qu’a décidé le Parti socialiste ? De faire que, quoi qu’il se passe en 2012, nous nous appliquerons le non-cumul à la fin de l’année 2012. Très bien, j’y suis favorable, je l’ai voté, ça sera appliqué. »
Regarder la vidéo (vers 14’20’’) :

Rappelons également, que c’est le même Christian Bourquin qui écrivait sur son blog, le 16 mars 2010 : « Il peut arriver de faire des erreurs, d’appréciation ou de jugement, mais l’humilité recommande alors de faire son mea culpa quand une majorité ayant un autre positionnement que le sien s’exprime. C’est tout le sens de la réaction que nous avons eue quand le Bureau national du PS s’est assis sur le vote des militants de la région en refusant la candidature de Georges Frêche [il avait investi Hélène Mandroux]. Je le rappelle, nous avions pourtant respecté les statuts et les règles du PS. On ne peut pas se lancer dans une rénovation si on ne respecte pas au moins cela. » Reprenons ces mots : sur le non-cumul, il y a bien « une majorité » qui s’est exprimée par un « vote des militants » pour fixer de nouvelles « règles du PS » dans le cadre de la « rénovation ». Le président de région pense-t-il alors que ne pas les respecter c’est « s’assoir sur le vote des militants » ? Montpellier journal lui a déjà posé la question mais il a botté en touche recourant à la même tactique que celle utilisée sur France 3 et sur France bleu.

Christian Bourquin semble par ailleurs changer de stratégie. En effet, le 30 novembre lors d’une conférence de presse, il y eut cet échange entre Alain Fontanel, en charge de la tutelle de la fédération de l’Hérault et le président de région, toujours à propos du non-cumul (voir l’échange complet et l’enregistrement correspondant). Alain Fontanel : « Les règles s’appliquent aux candidats investis par un parti politique. » Assis à ses côtés, Christian Bourquin livre l’explication à ces propos sibyllins : « Vous comprendrez que, pour ces sénatoriales, je n’étais investi par personne. » Bref, Christian Bourquin était exclu du PS quand il a été élu sénateur donc le texte sur le non-cumul ne le concerne pas. Même s’il a été réintégré quelques semaines après son élection.

[Mise à jour le 16/01 à 10h10 : André Vezinhet, président du conseil général de l'Hérault a déclaré dans Direct Montpellier plus ce matin : "Christian Bourquin, qui dit : « Je n’en ai rien à faire du choix des militants, je garde mes deux mandats de sénateur et de président du conseil régional !» Ça, ce n’est pas honnête. Ce n’est pas une attitude noble de sa part."]

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